Après deux semaines de vacances, quelque 12 millions d'élèves, dont ceux des écoles primaires désormais masqués, ont vécu lundi une rentrée très particulière dans une France reconfinée,
sous tensions sanitaire et sécuritaire avec des hommages dans tout le pays à Samuel Paty.
Contrairement au printemps, les écoles, collèges et lycées restent ouverts pour cette deuxième phase de confinement, mais sont soumis à un protocole sanitaire renforcé qui impose notamment le port du masque dès l'âge de 6 ans contre 11 auparavant.
"J'ai chaud avec, ça me gêne. Mais avec le +corona+, c'est pour nous protéger et pour protéger notre famille", glisse Henrielle, 7 ans, masque rose bien positionné sur le visage devant son école du Pré-Saint-Gervais, près de Paris.
En vigueur depuis vendredi, le reconfinement est destiné à freiner la deuxième vague de contaminations au coronavirus en France, où quelque 46.290 nouveaux cas ont été enregistrés dimanche, soit environ 10.000 de plus que la veille.
Elle ne sera sans doute pas la dernière, a estimé dans son dernier avis le Conseil scientifique, qui craint "plusieurs vagues successives durant la fin de l'hiver" et au printemps prochain. "Il y a donc devant nous de nombreux mois avec une situation extrêmement difficile", prévoit l'instance chargée de conseiller le gouvernement français, dans cet avis daté du 26 octobre.
- Le message de Macron aux élèves -
Evoquant la crise sanitaire mais aussi les récentes attaques de Nice ou Conflans-Sainte-Honorine, Emmanuel Macron s'est adressé lundi matin aux élèves pour les assurer de son soutien en cette rentrée "difficile".
"Vous qui reprenez le chemin de l'école, je pense à vous", écrit le président dans un message publié sur Snapchat, Instagram et Facebook.
"Je sais votre émotion après les attaques terroristes, dont l'une devant une école contre un enseignant", Samuel Paty, décapité le 16 octobre, la veille des vacances, après avoir montré en cours des caricatures de Mahomet. Une minute de silence, en sa mémoire, a été observée dans les écoles à 11H00.
Depuis, la France a connu une autre attaque dans une église à Nice, qui a fait trois morts, et le plan Vigipirate a été porté au niveau "urgence attentat". Des rondes et patrouilles "fixes et mobiles" de gendarmes et de policiers sont menées depuis lundi devant les 60.000 établissements scolaires du pays.
Le chef de l'Etat a également évoqué "le virus". "Il faudra du temps, mais nous le surmonterons tous ensemble". "Je sais que le port du masque toute la journée est difficile. Mais plus nous ferons d'effort, plus vite nous retrouverons une vie normale", a-t-il ajouté.
Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a de son côté souligné, sur France Inter, l'importance de laisser les écoles ouvertes. "Ce qui compte, c'est que les enfants ne perdent pas le fil de l'école () aller à l'école n'est pas un risque sanitaire excessif par rapport au reste de la vie", a-t-il déclaré sur France Inter.
- "Ca me gêne" -
Cette rentrée provoque toutefois des difficultés nouvelles pour certains parents d'élèves.
"C’est une rentrée particulière, des mesures prises un peu la veille pour le lendemain, comme les masques à partir de 6 ans, ça oblige les familles à s'adapter dans l’urgence. Ça peut être compliqué quand on a plusieurs enfants à gérer", estime Gautier Guépin, parent d'élève de Lille.
Un autre, Mohamed Sao, a lui confectionné des masques pour ses enfants. "Pour le petit, âgé de 9 ans, le porter, c'est un petit peu difficile", dit-il.
"J'ai un enfant handicapé et pour lui c'est difficile de porter un masque toute la journée", dit de son côté Denya Hallou, qui a glissé trois masques jetables dans le cartable de son fils de 7 ans, scolarisé à l'école élémentaire Anatole-France du Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis).
Pour Theary, mère d’une petite Sophie de 7 ans, scolarisée à Rennes et qui "a bien accepté le masque", "les enfants n’ont pas eu beaucoup de temps pour s’adapter". Mais, estime-t-elle, "c’est une bonne décision" pour enrayer une épidémie qui continue de progresser.
Plus de 3.500 malades du Covid-19 sont désormais hospitalisés en réanimation ou en soins intensifs, selon Santé Publique France, qui comptabilisait dimanche 231 décès, portant à 37.019 le nombre de morts depuis le début de l'épidémie.
Alors que les capacités de "réa" doivent être portées à 7.000 lits, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, a déclaré dimanche s'attendre à un mois de novembre "très tendu". AFP