Il n'y aura finalement pas de délégation russe en Normandie le 6 juin, lors des célébrations du 80e anniversaire du Débarquement. L'Élysée a annoncé cette décision
jeudi, la justifiant par la "guerre d'agression" de Moscou contre l'Ukraine. En revanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été invité.
La Russie n'a pas été conviée aux cérémonies du 80e anniversaire du Débarquement en Normandie à cause de sa "guerre d'agression" contre l'Ukraine, a déclaré l'Élysée. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a été invité, ainsi qu'une vingtaine de chefs d'État et de gouvernement de pays alliés, tels que Joe Biden et le chancelier allemand Olaf Scholz.
"Il n'y aura pas de délégation russe. Les conditions ne sont pas réunies compte tenu de la guerre d’agression que mène la Russie contre l'Ukraine et qui s'est encore intensifiée ces dernières semaines," a indiqué la présidence française.
En avril, le président russe Vladimir Poutine avait déjà été déclaré persona non grata. Paris avait alors précisé que la Russie serait invitée à un niveau inférieur, en reconnaissance de la contribution de l'Union soviétique à la victoire contre l'Allemagne sur le front est.
Ainsi, toute présence russe est exclue, malgré la participation de Vladimir Poutine aux célébrations du 60e anniversaire en 2004, aux côtés de Jacques Chirac, et du 70e en 2014, invité par François Hollande malgré l'annexion de la Crimée trois mois plus tôt.
La cérémonie de 2014 avait permis un aparté entre Poutine et le président ukrainien Petro Porochenko, marquant le début des négociations au format "Normandie" avec la France et l'Allemagne pour tenter de résoudre le conflit dans l'est de l'Ukraine.
Dix ans plus tard, ces négociations n'ont plus lieu d'être, la guerre ayant remplacé la diplomatie, avec la Russie occupant une partie de l'Ukraine depuis février 2022.
L'effort de guerre soviétique, ayant contribué à la défaite du IIIe Reich, sera toutefois honoré par divers "gestes" le 6 juin, a précisé l'Élysée. Il sera mentionné durant la cérémonie à Omaha Beach et des "manifestations" sont prévues dans les cimetières où reposent des soldats russes en France.
"Nous avons toujours rendu hommage à l’action de l’Armée rouge et à sa contribution décisive à la victoire finale contre le nazisme, sans être dupe des instrumentalisations en Russie," a souligné l'Élysée.
La Russie revendique régulièrement la contribution de l'URSS à la libération de l'Europe en 1945, justifiant même l'offensive contre l'Ukraine par la nécessité de "dénazifier" cette ex-République soviétique.
"Nous n’avons jamais pratiqué ni effacement ni maquillage de l’Histoire," a ajouté la présidence française, en notant que d'autres Républiques soviétiques ont également contribué à cet effort.
Le débarquement en Normandie, étape clé de la libération de l'Europe du joug nazi, est le plus important de l'Histoire par le nombre de navires engagés : 6 939 navires débarquant 132 700 hommes sur les plages.
Quatre-vingt ans plus tard, deux images se superposeront jeudi à Omaha Beach : celle de la contribution des Alliés à la victoire sur le nazisme et celle du soutien des Occidentaux à l'Ukraine dans son combat pour retrouver sa souveraineté.
Les présidents polonais Andrzej Duda, italien Sergio Mattarella, et tchèque Petr Pavel seront présents, ainsi que le roi des Belges et ceux du Danemark et des Pays-Bas, et le Premier ministre canadien, Justin Trudeau. La présence du Britannique Rishi Sunak est incertaine, à quatre semaines des législatives anticipées.
Joe Biden, le roi Charles III d'Angleterre et Justin Trudeau présideront aussi des cérémonies dans des cimetières américain, britannique et canadien.
Le président français Emmanuel Macron honorera "toutes les mémoires" du Débarquement, de la Résistance aux victimes civiles, lors de différentes cérémonies du 5 au 7 juin.
Plus de 200 vétérans, derniers témoins encore en vie de cette époque, sont également attendus, venant des États-Unis, du Royaume-Uni, du Canada et de France.
Le président américain entamera ensuite une visite d'État en France. Un volet bilatéral est également prévu avec Volodymyr Zelensky, a précisé l'Élysée sans plus de détails. Foto-Georgia National Guard, Wikimedia commons.