À partir du 11 novembre, les fans parisiens n'auront pas besoin de sortir leur portefeuille pour regarder les matchs de football professionnels. Paris FC a annoncé que tous ses matchs de
championnat au Stade Charléty seront gratuits. Cette politique de billetterie s'applique à l'équipe masculine de Ligue 2 et à l'équipe féminine qui participe à la Division 1 et à la Ligue des champions féminine cette saison.
Jusqu'à la fin de la saison 2023-2024, un total de 15 000 places sur 17 000 au stade seront disponibles gratuitement, à l'exception des forfaits VIP, des sièges premium et du secteur visiteurs. Selon un communiqué de presse, Paris FC affirme que cette démarche est une première non seulement en Europe, mais dans le monde entier pour un club professionnel.
Le président du club, Pierre Ferraci, a déclaré que l'objectif est double : "Ramener l'essence populaire du football en le rendant accessible au plus grand nombre" et "augmenter la fréquentation du Stade Charléty". Le club vise à attirer de nouveaux fans au stade, souvent critiqué pour sa taille imposante et son atmosphère froide.
Bien que l'augmentation de la fréquentation soit cruciale pour attirer de nouveaux investisseurs, il reste à voir si elle peut compenser la perte de recettes de billetterie, estimée à environ un million d'euros sur l'année.
"Nous ne prenons pas un gros risque", a déclaré Feracci. "Le bilan sera positif, grâce aux nouvelles recettes de parrainage et à l'arrivée de nouveaux actionnaires qui se sont montrés enthousiastes à l'idée de notre vision. Je suis convaincu que nous aurons bientôt un troisième actionnaire du CAC 40."
Ce modèle innovant, bien que pas tout à fait nouveau dans le football professionnel, est sans précédent par son ampleur et son ouverture. L'expérience du Paris FC intervient après que le Fortuna Düsseldorf, un club de deuxième division allemande, a mis en œuvre une approche similaire, mais à plus petite échelle.
Lors du premier match de ce modèle du Fortuna Düsseldorf le 21 octobre, plus de 52 000 fans se sont rendus au Merkur Spiel Arena, bien au-dessus de la fréquentation habituelle de 29 300 personnes. Cette augmentation impressionnante encourage le Paris FC, qui affiche actuellement une moyenne de 4 135 spectateurs, soit 24% de la capacité du stade.
La situation du Paris FC en fait un candidat idéal pour une telle expérience, car il dispose d'une enceinte capable d'accueillir un plus grand nombre de spectateurs et peut absorber la baisse des recettes de billetterie. Les ventes de billets ne représentent que 4% du budget du club, contrairement à une moyenne de 8 à 10% pour les autres clubs de Ligue 2.
L'économiste Luc Arrondel, spécialiste du football, est d'accord avec cette approche. Il affirme que la bonne fréquentation permet une plus grande visibilité pour les sponsors, rendant le club plus attractif et capable de générer des recettes pour financer ses campagnes sportives. Arrondel mentionne également qu'une meilleure affluence lors des matchs à domicile stimule les résultats sportifs, avec un public qui encourage les joueurs à exceller.
Dans son étude "Faut-il payer les supporters ?", l'économiste se demande si les supporters devraient être récompensés pour leur rôle dans les performances d'une équipe, ce qui affecte la principale source de revenus du club, les droits de diffusion télévisée. Bien que cette notion puisse sembler tirée par les cheveux, l'idée de billets de saison gratuits semblait également impossible il y a quelques années.
Quant à savoir si ce modèle peut devenir courant, Arrondel note que dans la Ligue 1, la billetterie joue un rôle plus important, contribuant à environ 10 à 15% des budgets des équipes. Cependant, un club comme le Paris FC est à la pointe de la redéfinition de la relation entre les supporters et le football professionnel. Foto-Zakarie Faibis, Wikimedia commons.