C'est lui, le roi du sprint : Jasper Philipsen a confirmé vendredi son nouveau statut en réalisant un triplé dans le Tour de France avec une nouvelle démonstration de force à Bordeaux.
Le temps où il était surnommé "Jasper Disaster", popularisé par la série Netflix, et pleurait sur les Champs-Élysées en 2021, quittant le Tour bredouille et anéanti émotionnellement, semble bien loin.
Déjà vainqueur à Bayonne et à Nogaro, le Belge de 25 ans compte déjà trois victoires en sept étapes cette année, après avoir devancé le vétéran britannique Mark Cavendish et l'Érythréen Biniam Girmay le long des quais de la Garonne.
"Si vous me l'aviez dit il y a une semaine, je vous aurais pris pour un fou. C'est un Tour de rêve", a-t-il réagi.
En ajoutant ses succès de l'année dernière à Carcassonne et sur les Champs-Élysées, il s'est imposé dans les cinq derniers sprints massifs disputés sur la Grande Boucle.
De quoi asseoir sa réputation dans un exercice aussi périlleux que le sprint massif, où il s'agit non seulement de battre ses rivaux, mais aussi d'éviter les chutes et de se frayer un chemin au milieu d'un champ de mines.
Quitte à jouer des coudes.
À Bayonne, Fabio Jakobsen, l'un de ses principaux concurrents, avait qualifié son comportement de "dangereux et stupide". À Nogaro, les commissaires ont revu les images avant de valider sa victoire.
Et vendredi, c'est Biniam Girmay qui a franchi la ligne très énervé, se plaignant d'avoir été rabattu vers les barrières.
Après l'étape, Jean-François Bourlart et Alexandre Vinokourov, les directeurs d'équipe d'Intermarché et d'Astana, se sont précipités vers la voiture du jury des commissaires pour protester. En vain.
"J'ai pris du muscle" Pour Philipsen, c'est simplement le prix à payer pour exister dans ce monde-là. Être timide et gentil ne fonctionne pas face aux autres "grosses cuisses", et il le sait d'autant mieux qu'il a longtemps manqué de confiance en lui, divertissant surtout ses coéquipiers par ses étourderies.
"La différence entre le Jasper d'aujourd'hui et celui qui pleurait sur les Champs-Élysées il y a deux ans est énorme. J'ai acquis de l'expérience, j'ai pris du muscle aussi", a déclaré le porteur du maillot vert.
Le contraste est frappant avec le coureur qui avait connu "la honte" sur le Tour l'année dernière encore, lorsqu'il avait franchi la ligne d'arrivée à Calais les bras levés, croyant avoir gagné, alors que Wout Van Aert était déjà presque installé sur le podium.
"J'ai longtemps manqué de patience. Je voulais que le succès arrive rapidement, mais je n'étais pas prêt. Maintenant, oui", a souligné vendredi le deuxième du dernier Paris-Roubaix.
Au point d'être le roi incontesté du sprint ? "Difficile à dire, mais une chose est sûre, nous avons le meilleur train du peloton. Et avoir Mathieu (van der Poel) comme dernier lanceur est un grand avantage. Ensuite, il faut évidemment un coureur rapide pour terminer le travail", a-t-il répondu.
L'occasion manquée pour "Cav" En réalisant un triplé, Philipsen a privé Mark Cavendish d'un succès historique. Vainqueur à Bordeaux en 2010 lors de la dernière visite du Tour dans la cité girondine, le Britannique vise à battre le record de victoires d'étapes dans le Tour de France qu'il partage actuellement avec Eddy Merckx (34).
Galvanisé par sa mission, le vétéran de l'île de Man, âgé de 38 ans, a tenté sa chance dans les 100 derniers mètres, mais a dû se rasseoir, terrassé par l'effort et un double saut de chaîne, avant de se faire dévorer tout cru par Philipsen. "Une énorme déception, mais on va réessayer", a-t-il déclaré.
"On a revu ce matin des images de sa victoire ici en 2010. Ça paraît tellement loin ! Mais il est toujours là, c'est incroyable. C'est le meilleur sprinteur de l'histoire", a consolé Philipsen.
Il reste encore plusieurs occasions au "Cav" dans ce Tour pour écrire sa légende. Le problème est que Philipsen risque d'être sur son chemin à chaque fois.
Les favoris du Tour, après deux étapes très disputées dans les Pyrénées, ont quant à eux connu une journée particulièrement tranquille.
Sous les premières fortes chaleurs, le peloton a flâné dans les vignobles bordelais derrière Simon Guglielmi, qui s'est échappé en solitaire avant de recevoir le renfort de deux autres Français, Nans Peters et Pierre Latour.
Ce dernier a été le dernier à être repris, à 3,5 km de l'arrivée, par les équipes de sprinteurs, lancées comme des bolides avec le vent dans le dos. Foto-Photographer Team UAE, Wikimedia commons.