Carla Bruni-Sarkozy a été mise en examen mardi dans le cadre des investigations à Paris sur la rétractation en 2020 de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui accusait
Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens.
Après Nicolas Sarkozy en octobre dernier, c'est au tour de sa femme Carla Bruni. À l'issue d'un interrogatoire devant deux juges d'instruction financiers, mardi 9 juillet, elle a été mise en examen pour des investigations sur la rétractation en 2020 de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui accusait Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens.
Carla Bruni-Sarkozy est mise en examen pour "recel de subornation de témoin", en l'occurrence Ziad Takieddine, et "participation à une association de malfaiteurs en vue de commettre l'infraction d'escroquerie au jugement en bande organisée", en l'espèce "tromper les magistrats ayant à statuer dans l'information judiciaire relative aux soupçons de financement libyen de [la] campagne électorale", a indiqué une source judiciaire.
En revanche, elle a été placée sous le statut plus favorable de témoin assisté pour association de malfaiteurs en vue de la corruption de personnels judiciaires étrangers au Liban.
La chanteuse et mannequin "a été placée sous contrôle judiciaire [avec] l'interdiction d'entrer en contact avec l'ensemble des protagonistes de cette procédure, à l'exception de Nicolas Sarkozy", a précisé la source judiciaire.
Une "suite procédurale logique", selon ses avocats
Cette décision, "prononcée dans les mêmes termes que celle concernant son mari [...], n'en est que la suite procédurale logique et n'est pas davantage fondée, ni juridiquement ni factuellement", ont réagi auprès de l'AFP ses avocats, Paul Mallet et Benoît Martinez.
"Carla Bruni-Sarkozy est déterminée à faire valoir ses droits et à contester cette décision infondée", ont-ils ajouté.
Dans ce dossier judiciaire ouvert depuis le printemps 2021, Nicolas Sarkozy a été mis en examen en octobre pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries au jugement en bande organisée.
Ses avocats ont déposé en avril une requête pour faire annuler ces poursuites, puis une demande de dépaysement de l'enquête.
L'ancien chef d'État est suspecté d'avoir avalisé des manœuvres pour obtenir en novembre 2020 une volte-face de Ziad Takieddine, le principal témoin à charge dans l'affaire du financement de sa campagne présidentielle en 2007 par des fonds libyens, qui sera jugée en 2025.
Dans une interview à BFMTV et Paris-Match depuis Beyrouth, la capitale du Liban où il vit, l'intermédiaire avait déclaré que l'ex-chef de l'État n'avait "pas touché un centime, cash ou pas cash" de la part du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi.
Une douzaine d'autres personnes sont mises en examen pour avoir participé, à des moments et degrés divers, à cette opération qui aurait principalement visé à tromper la justice française.
Parmi ces suspects figurent notamment Michèle Marchand, dite "Mimi", ex-papesse de la presse people et amie de Carla Bruni-Sarkozy, l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, ou le chef d'entreprise David Layani.
"Stupidement naïve"
L'épouse de l'ancien chef de l'État est soupçonnée d'avoir demandé fin 2019 une ligne téléphonique occulte, qui aurait servi au couple Sarkozy pour recevoir des messages de Mimi Marchand sur le déroulement de l'opération.
Devant les enquêteurs en mai, elle a nié détenir cette ligne et a affirmé tout ignorer du déplacement de Mimi Marchand à Beyrouth mi-octobre 2020 pour l'interview de Ziad Takieddine.
L'un des messages semble pourtant prouver que l'ex-Première dame avait été informée en amont du déplacement de Mimi Marchand.
Acculée par les questions des enquêteurs sur les incohérences de sa version concernant ce téléphone occulte, la chanteuse a peiné à trouver des réponses. "Tout à fait. Je comprends bien. Mais ce n'est pas mon numéro." Avant d'ajouter : "J'essaie d'échafauder des explications."
Carla Bruni-Sarkozy, amie de longue date de Mimi Marchand, l'a décrite comme une personne "maligne, mais pas forcément dans la vérité" et "très manipulatrice".
Elle a déclaré se sentir "stupidement naïve" et "responsable de la mise en examen" de son époux.
"C'est moi qui devrais [l'être]", a-t-elle affirmé, se présentant comme le "seul contact" de son mari avec Mimi Marchand, qui "a utilisé le nom de [son] mari et le [sien] [...] pour se donner du poids auprès de ses compères."
C'est la thèse qu'avait avancée l'ancien président devant deux juges d'instruction lors de son interrogatoire en octobre. Il s'était présenté comme impliqué à tort dans cette affaire à cause d'une "petite bande" de "pieds nickelés" avides d'argent. Foto-Remi Jouan, Wikimedia commons.