Le président turc Recep Tayyip Erdogan s'adresse à ses partisans lors d'un meeting avant la présidentielle du 14 mai, à Ankara, le 30 avril 2023.
Arrivé en tête du premier tour de la présidentielle turque du 14 mai, Recep Tayyip Erdogan a désormais de fortes chances de rester au pouvoir. Selon les experts, fort de sa majorité parlementaire, le président sortant va profiter de la campagne de l'entre-deux-tours pour jouer la carte de la continuité et de la stabilité face à une opposition dépourvue de réserve de voix.
On le disait usé par le pouvoir et affaibli politiquement. Malgré le mécontentement populaire, nourri par une économie turque en crise chronique et la gestion très critiquée du double séisme de février, Recep Tayyip Erdogan est en ballotage favorable avant le deuxième tour de la présidentielle, qui se tiendra le 28 mai.
Le président sortant a fait mieux que résister à Kemal Kilicdaroglu, son rival issu d'une coalition hétéroclite de six partis et soutenu par le Parti démocratique des peuples (HDP) pro-kurde, puisque les électeurs l'ont placé, le 14 mai, en tête à l'issue du premier tour du scrutin.
Avec 49,51 % des voix, contre 44,88 % pour son adversaire, le Reis, à qui certains sondeurs turcs promettaient il y a encore quelques semaines une défaite dès le premier tour, va repartir en campagne avec de l'avance et même de possibles réserves de voix.
Alors même si son champion, au pouvoir depuis 2003, est forcé de disputer un second tour inédit dans le pays, le moral est au beau fixe dans le camp de Recep Tayyip Erdogan. "Je crois sincèrement que nous continuerons à servir notre peuple ces cinq prochaines années", a lancé avec confiance le chef de l'État dans la nuit devant ses partisans.
Avantage Erdogan ?
Une confiance sans doute gonflée par les résultats préliminaires des élections législatives organisées le même jour et qui offrent une majorité parlementaire pour l'alliance au pouvoir, l'AKP et le parti d'extrême droite MHP.
Selon les experts, ces résultats pourraient donner à Recep Tayyip Erdogan un avantage décisif avant le second tour et le pousser à faire campagne contre la perspective d'une cohabitation en ces temps de crises. La stabilité contre l'inconnu.
"Les jeux restent ouverts avant le deuxième round de la présidentielle sachant que la politique turque est pleine de surprises", estime Samim Akgonul, historien et politologue, directeur du département d'études turques de l'Université de Strasbourg. Foto- Kremlin.ru, Wikimedia commons.