Le président équatorien Guillermo Lasso a décidé mercredi de dissoudre le Parlement alors que celui-ci s'apprêtait à annoncer sa destitution. L'ancien banquier
impopulaire de 67 ans est accusé de malversations dans le cadre d'un contrat public portant sur le transport de pétrole brut.
Le président équatorien Guillermo Lasso a décrété mercredi 17 mai la dissolution du Parlement, entraînant des élections anticipées, en raison d'une "grave crise politique", a annoncé la présidence.
Le chef d'État conservateur, faisant l'objet d'un procès en destitution ouvert par les parlementaires mardi, a décidé de "dissoudre l'Assemblée nationale en raison de la grave crise politique et des troubles intérieurs", selon le communiqué publié par ses services.
Guillermo Lasso est accusé par la majorité de gauche du parlement monocaméral de malversations liées à un contrat public pour le transport de pétrole brut. On lui reproche d'avoir eu connaissance de ce contrat préjudiciable au pays sans y mettre fin au début de son mandat. Mardi, il avait plaidé sa "totale, évidente et incontestable innocence" devant les députés d'un pays miné par les querelles politiques et la violence. Il a demandé au Conseil national électoral (CNE) de convoquer des élections anticipées.
Vers des élections anticipées
Selon la Constitution, l'organe électoral doit convoquer les élections législatives et présidentielle dans un délai maximal de sept jours après la publication du décret de dissolution, afin de compléter le mandat actuel de quatre ans.
"C'est une décision démocratique non seulement parce qu'elle est constitutionnelle, mais aussi parce qu'elle redonne au peuple équatorien la possibilité de décider", a déclaré Guillermo Lasso lors d'une intervention à la chaîne de télévision nationale.
L'ancien président Rafael Correa (2007-2017), leader de l'opposition malgré sa condamnation à huit ans de prison par contumace pour corruption et en exil en Belgique, a qualifié la décision de Guillermo Lasso d'"illégale" et de "coup d'État", estimant qu'il s'agit également du "dernier clou planté dans son propre cercueil politique".
Le président pourra gouverner jusqu'à l'installation de la nouvelle Assemblée nationale en prenant des décrets-lois d'urgence économique, mais uniquement après un avis favorable de la Cour constitutionnelle.
Au petit matin, le bâtiment du Parlement était gardé par des militaires et des policiers, et dans le centre historique de Quito, autour du palais présidentiel, on comptait plus d'officiers en uniforme que d'habitude, selon l'AFP. Foto-Mabel Velástegui, Wikimedia commons.