Messes et férias virtuelles, rassemblements familiaux remis à plus tard, marins en quarantaine: les Français sont priés plus que jamais de s'isoler en ce dimanche de Pâques, à la veille des
explications attendues du président Macron sur la stratégie contre le coronavirus.
Même si le nombre de patients actuellement en réanimation continue de baisser (6.883 samedi soir, soit 265 de moins en trois jours), le numéro deux du ministère de la Santé Jérôme Salomon a appelé à rester "vigilants et mobilisés".
"L'heure n'est pas au déconfinement", a-t-il martelé alors qu'une météo quasi-estivale et les vacances scolaires pourraient inciter au relâchement.
Les modalités de confinement ont été durcies dans plusieurs régions et 160.000 policiers et gendarmes sont mobilisés ce week-end pour empêcher les indisciplinés à s'évader.
Car malgré la légère éclaircie sur le front de la réanimation, l'épidémie de Covid-19 continue de tuer. Au total, 13.832 personnes sont mortes en France, avec 635 de plus en 24 heures, selon le dernier bilan officiel samedi.
La pression sur les hôpitaux reste forte et la mobilisation de "plusieurs milliers de volontaires" va encore être nécessaire dans les mois à venir, souligne le directeur général des hôpitaux de Paris, Martin Hirsch, dans Le Parisien.
A Toulon, l'armée est à l'oeuvre dimanche pour accueillir puis répartir en isolement pour deux semaines plus de 1.900 marins du porte-avions nucléaire français Charles-de-Gaulle et d'une frégate de retour anticipé en France après l'infection d'au moins 50 d'entre eux par le coronavirus.
Après l'arrivée du Charles-de-Gaulle dans son port d'attache dans l'après-midi, les militaires seront évacués, de préférence par des "moyens nautiques" ainsi que par "bus, camions (et autres) véhicules" pour "éviter tout contact des marins avec l'extérieur", a précisé Christine Ribbe,
porte-parole de la préfecture maritime de Méditerranée.
L'ensemble des bâtiments et aéronefs seront désinfectés. "Cela n'a jamais été fait auparavant, c'est un travail énorme", a expliqué le porte-parole de la Marine nationale, le capitaine de vaisseau Eric Lavault.
L'origine de cette contamination n'est pas encore connue. Le bâtiment n'a pas été en contact avec un élément extérieur depuis une escale à Brest le 15 mars. Il s'est donc passé trois semaines entre celle-ci et l'apparition des premiers cas, au-delà de la quatorzaine habituellement retenue pour prévenir la contagion.
Pour les croyants aussi, ce week-end pascal est évidemment "bien difficile à vivre", s'est ému l'évêque auxiliaire de Lyon Emmanuel Gobilliard qui a célébré samedi la vigile pascale devant une poignée de fidèles à la chapelle Saint-Irénée.
- "Vivre la foi à la maison" -
Un livret avait été adressé aux fidèles "afin qu'ils puissent la vivre chez eux", "comme les premiers Chrétiens qui vivaient leur foi à la maison", a expliqué le prélat.
A Arles, dans le sud de la France, il semble irréel le temps où la foule se pressait entre des paellas fumantes, le temps du flamenco.
La ville de 52.000 habitants qui lançait sa saison touristique avec la féria de Pâques fréquentée en quatre jours par 180.000 à 200.000 personnes a dû l'annuler avec l'épidémie, tout comme Nîmes.
"Tous les ans, on mange la paella ici, souvenirs, souvenirs", dit Antonio assis devant le café peint par Van Gogh sur la place du Forum déserte. Il regardera sur internet "la féria des confinés", rediffusion de corridas et courses taurines du passé.
Dans l'attente de l'allocution télévisée lundi soir du président Macron, qui devrait préciser la durée de la nouvelle prolongation du confinement entamé le 17 mars, la confiance des Français envers le gouvernement s'émousse. 38% des personnes interrogées (-6 points) lui font confiance en général pour combattre l'épidémie, selon un nouveau sondage Ifop pour le Journal du Dimanche.
Le président de la République, qui doit prendre la parole après les traditionnels applaudissements de 20H00 aux balcons en soutien aux soignants, est aussi attendu sur la nécessité ou non du port généralisé du masque.
Pour la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye, cette question se pose uniquement "dans le cadre de la stratégie de déconfinement".
- Polémique des masques -
Après avoir martelé que les masques étaient inutiles quand on n'est pas malade, les discours ont évolué dans plusieurs pays. En France, l'Académie de médecine a plaidé début avril pour le port obligatoire d'un masque "grand public" ou "alternatif" aux masques médicaux en pleine pénurie, pendant le confinement et lors de sa levée.
Une telle obligation du masque, encore contestée par de nombreux organismes scientifiques internationaux, est une "question ouverte" avait pour sa part estimé le 7 avril le ministre de la Santé Olivier Véran, confirmant la stratégie française de donner la priorité aux soignants et aux personnes particulièrement à risques.
Alors que quelque 1,6 milliard de masques ont été commandés par la France, la France en a reçu à ce jour 35 millions grâce au pont aérien avec la Chine, a précisé samedi le Pr Salomon.afp, Djuenger on de.wikipedia