Cela fait six mois jour pour jour que le Covid-19 a été déclaré "pandémie", sans aucun dénouement rapide à espérer, et la France envisage ce vendredi de potentielles "décisions difficiles" pour
tenter d'enrayer son rebond sur son territoire.
Le coronavirus sème la mort et le chaos avec plus de 905.000 décès recensés mondialement par l'AFP depuis que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) l'a qualifié il y a six mois de pandémie, c'est-à-dire d'épidémie étendue à toute la population d'un continent, voire au monde entier.
La maladie a depuis contraint les populations et les gouvernements à d'énormes efforts d'adaptation. En France, cette date symbolique des six mois va coïncider avec la présentation de nouvelles mesures face à une situation dépeinte comme "inquiétante".
Le gouvernement "va être obligé de prendre un certain nombre de décisions difficiles", "dans les huit à dix jours maximum", a estimé cette semaine Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique qui guide les pouvoirs publics. Le président Emmanuel Macron lui a répliqué jeudi qu'il n'est pas question de "céder à quelque panique que ce soit".
Près de 10.000 cas (9.843) de Covid ont été enregistrés en 24 heures en France, selon les données rendues publiques jeudi soir. Un niveau record depuis le début de l'épidémie et le lancement des tests à grande échelle dans le pays.
La France est loin d'être le seul pays en difficulté. Les Etats-Unis et le Brésil demeurent de loin les plus endeuillés avec respectivement 191.727 et 129.522 décès au total recensés jeudi soir. Près de 28 millions de cas d'infection ont été officiellement diagnostiqués dans le monde à ce stade.
- Conspirations -
En dépit des efforts énormes investis dans la recherche d'un vaccin sûr, "la fin (de la pandémie) ne viendra pas rapidement", a pronostiqué jeudi le directeur des urgences sanitaires de l'OMS, Michael Ryan.
Le directeur de l'organisation, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a de son côté fustigé un "manque de solidarité". "Il nous faut un leadership mondial, en particulier des grandes puissances. C'est comme cela que nous pouvons vaincre ce virus", a-t-il insisté.
Pour l'ONU et son secrétaire général Antonio Guterres, le monde ne peut de fait espérer "prospérer à nouveau" sans un "bond immense" dans le financement --chiffré à 15 milliards de dollars dans les trois mois.
Dans son dernier point daté de mercredi, l'OMS recense pourtant 35 "candidats vaccins" évalués dans des essais cliniques sur l'homme à travers le monde.
Neuf en sont déjà à la dernière étape, ou s'apprêtent à y entrer. Il s'agit de la "phase 3", lors de laquelle l'efficacité est mesurée à grande échelle sur des milliers de volontaires. L'OMS ne s'attend cependant pas à une vaccination généralisée avant mi-2021.
Dans de nombreux pays, y compris ceux où la pandémie fait rage, les autorités font par ailleurs face à une incrédulité croissante d'une partie du public, adepte de théories conspirationnistes, voire persuadée que le coronavirus est une pure invention destinée à soumettre les populations.
C'est le cas au Kosovo, petit territoire pauvre, où un récent sondage a montré qu'un tiers des habitants ne croient pas à l'existence du virus. "Pour vous dire la vérité, je n'y croyais pas. Mais après l'enfer que j'ai vécu, je suis convaincue et je veux le dire au pays tout entier", a déclaré à la télévision une patiente âgée sous oxygène depuis des semaines.
Une étude parue vendredi dans la revue médicale The Lancet montre que la confiance dans la vaccination reste basse en Europe, mais a quand même tendance à légèrement augmenter "dans plusieurs pays, dont la Finlande, la France, l'Italie, l'Irlande ou le Royaume-Uni".
La défiance augmente en revanche en Pologne, Afghanistan, Azerbaïdjan, Indonésie, Serbie, au Nigeria et au Pakistan. Les chercheurs y voient "une tendance inquiétante" qui prend racine dans "l'instabilité politique" et "l'extrémisme religieux".
- Thème explosif -
Aux Etats-Unis, la question du virus apparaît plus explosive que jamais à l'approche de l'élection présidentielle du 3 novembre.
Le président Donald Trump a vigoureusement nié avoir menti aux Américains suite aux révélations fracassantes du livre du journaliste Bob Woodward, selon lequel le milliardaire était de longue date parfaitement conscient de la dangerosité de la maladie mais a préféré la "minimiser" face au public.
"Il n'y a pas de mensonge () Je ne veux pas sauter dans tous les sens et commencer à crier: mort! mort!", a-t-il lancé.afp