
La Pologne a mobilisé 40 000 soldats à sa frontière orientale face à la montée des tensions avec la Russie et la Biélorussie, à la veille de vastes exercices militaires conjoints baptisés
Zapad 2025.
Cette décision intervient après l’incursion de drones russes dans l’espace aérien polonais plus tôt cette semaine — un incident que Varsovie considère comme le moment le plus proche d’un conflit ouvert en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Le Premier ministre Donald Tusk a qualifié ces exercices d’« extrêmement agressifs » et a annoncé la fermeture de la frontière avec la Biélorussie en riposte. « Cette situation nous rapproche tous d’un conflit ouvert », a-t-il déclaré, estimant que l’Europe traverse sa période la plus dangereuse depuis des décennies.
L’OTAN sur ses gardes
Les manœuvres russes Zapad — qui signifient « Ouest » — ont lieu environ tous les quatre ans. Officiellement défensives, elles simulent des scénarios comme la riposte à des frappes aériennes ou à des opérations de sabotage. Mais les responsables occidentaux avertissent qu’elles servent souvent de couverture à des préparatifs plus offensifs.
Les dernières grandes manœuvres, Zapad 2021, avaient finalement rassemblé bien plus de troupes que Moscou ne l’avait annoncé, et avaient contribué à préparer l’invasion à grande échelle de l’Ukraine quelques mois plus tard.
Cette année, les exercices, qui se dérouleront du vendredi au 16 septembre, devraient amener des dizaines de milliers de soldats russes et biélorusses jusqu’aux frontières de l’OTAN. Certains scénarios incluraient le test de missiles nucléaires de nouvelle génération, comme l’Oreshnik.
Le chef d’état-major allemand, Carsten Breuer, a déclaré que l’OTAN resterait « sur ses gardes », tandis que le secrétaire général Mark Rutte a averti que la réarmement rapide de la Russie, combiné aux tensions en Asie, faisait peser le risque d’un conflit mondial.
L’incursion de drones ravive les inquiétudes
La Pologne est encore sous le choc après l’incursion de 19 drones russes entre mardi et mercredi. Au moins trois ont été abattus, mais l’un a frappé une maison, causant d’importants dégâts.
Varsovie a rapidement invoqué l’Article 4 du traité de l’OTAN, qui permet à un membre d’exiger des consultations urgentes lorsqu’il estime sa sécurité menacée. C’est la huitième fois que la Pologne utilise cette disposition.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit également se réunir à la demande de Varsovie pour examiner l’incident.
Moscou nie toute responsabilité, affirmant que ses drones visaient des sites en Ukraine occidentale et auraient pu dévier de leur trajectoire. Les responsables polonais rejettent cette version, accusant la Russie de provocation délibérée.
Un air de déjà-vu
Les analystes militaires jugent les parallèles avec 2021 inquiétants. Des images satellites ont déjà révélé de nouveaux travaux sur un ancien site nucléaire soviétique en Biélorussie — possiblement lié aux derniers systèmes de missiles russes.
«Cela pourrait servir de couverture », estime le général (2S) Lance Landrum, ancien haut responsable de l’OTAN. Selon lui, l’étude de ces manœuvres fournira un aperçu crucial des capacités actuelles de la Russie après plus de trois ans de guerre en Ukraine.
L’Occident répond par ses propres exercices
L’OTAN ne reste pas inactive. Son propre exercice de grande ampleur, Iron Defender 25, a débuté le 1er septembre. Environ 30 000 soldats alliés et 600 engins militaires y participent à travers la région baltique.
Selon le ministère polonais de la Défense, ces manœuvres visent à tester la capacité de l’Alliance à « dissuader et défendre efficacement le territoire de la Pologne ».
Alors que les deux camps préparent des démonstrations de force simultanées, beaucoup craignent que l’Europe ne s’approche de son moment le plus dangereux depuis la Guerre froide.

















































































































































































