De plus en plus de témoignages font état de l'utilisation de pratiques violentes par les gardes-côtes tunisiens à l'encontre des migrants cherchant à embarquer sur des bateaux pour quitter la
Tunisie. Le climat de racisme envers les Africains subsahariens pousse de nombreux exilés à fuir le pays.
Des migrants arrêtés par la Garde nationale maritime tunisienne en mer près de la côte de Sfax, en Tunisie, le mardi 18 avril 2023. Des migrants arrêtés par la Garde nationale maritime tunisienne en mer près de la côte de Sfax, en Tunisie, le mardi 18 avril 2023.
Des témoignages font état de moteurs confisqués, de canots laissés à la dérive et de manœuvres dangereuses provoquant la panique à bord. Ces pratiques violentes des gardes-côtes tunisiens envers les migrants qui tentent de rejoindre l'Europe à bord de bateaux de fortune se multiplient depuis le discours virulent prononcé par le président Kaïs Saïed en février, qui visait les exilés subsahariens.
Plusieurs cas récents rapportés par le site InfoMigrants, média auquel participe France 24, font état de naufrages causant la mort de plusieurs migrants, dont de jeunes enfants, embarqués sur ces canots de fortune en direction des côtes européennes.
Le 22 juin, une embarcation transportant 97 personnes a chaviré au large de Sfax, dans le centre-est de la Tunisie. Seule une vingtaine de migrants auraient été secourus. Selon l'un des rares survivants, dont InfoMigrants a recueilli le récit auprès de l'Association camerounaise de la diaspora en Tunisie (Acadit), les gardes-côtes tunisiens ont lancé du "gaz lacrymogène" à bord du bateau, provoquant la panique et le naufrage du canot.
"Ces gardes-côtes tournaient autour du bateau pour créer des vagues. Ils ont également lancé plusieurs fois du gaz lacrymogène dans le bateau. Il y a eu un mouvement de panique et le canot s'est retourné." Cette mère de famille camerounaise a perdu son fils de 5 ans dans cette tragédie. Une autre femme à bord du même bateau avec ses deux jumeaux a également signalé la mort de l'un de ses enfants lors du naufrage.
"Dès qu'ils [les garde-frontières] agitent l'eau, les gens paniquent et le bateau se retourne. Ils peuvent secourir certaines personnes, mais ils ne peuvent pas sauver tout le monde", a déclaré Kalilou, un migrant ivoirien, à InfoMigrants en avril.
D'autres exilés en contact avec cette rédaction spécialisée affirment que les autorités confisquent parfois les moteurs des canots, les laissant dériver en pleine mer. Cette méthode d'interception est particulièrement dangereuse et a déjà été utilisée par les gardes-côtes libyens au large de leurs côtes pour empêcher le passage des migrants. Foto-Mstyslav Chernov/Unframe, Wikimedia commons.