Les exportations françaises de vin et spiritueux ont chuté pour la deuxième année consécutive en 2024, affectées par une baisse de la demande pour les produits haut de gamme, la diminution
des prix, un marché chinois atone et la menace de potentielles taxes américaines, a rapporté mardi la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS).
Le total des exportations a atteint 15,6 milliards d’euros (17,5 milliards de dollars), enregistrant une baisse de 4 % par rapport à 2023, malgré des volumes d’expédition stables de 174 millions de caisses de 12 bouteilles.
La Chine a été le principal moteur de ce déclin, avec une chute des importations de 20 % sur un an. D’autres marchés plus petits, comme Singapour et Hong Kong, ont également connu des baisses significatives de 25 % et 12 %, respectivement. Ensemble, ces trois marchés ont représenté 90 % de la baisse globale de la valeur des exportations, avec un chiffre d’affaires total de 2,1 milliards d’euros.
Les spiritueux français ont été les plus touchés par cette baisse, avec des exportations en recul de 6,5 % à 4,5 milliards d’euros. Ce déclin a été principalement attribué au ralentissement économique chinois et aux politiques anti-dumping de Pékin visant les eaux-de-vie européennes, notamment le cognac français.
Les ventes de cognac ont enregistré une baisse de 11 % en valeur, tandis que le volume n’a reculé que de 1 %, soutenu par un réapprovisionnement aux États-Unis et des achats de précaution face à la crainte de nouvelles taxes américaines sur le vin français, a déclaré Gabriel Picard, président de la FEVS, à Reuters en amont du salon Wine Paris. Un changement des préférences des consommateurs en faveur de cognacs plus jeunes et plus abordables a également contribué à l’écart entre la valeur et le volume des ventes.
Malgré cette baisse globale, les expéditions de vin et spiritueux français vers les États-Unis, premier marché d’exportation de la France, ont progressé de 5 % pour atteindre 3,8 milliards d’euros.
Dans le secteur du vin, les volumes ont légèrement augmenté de 0,7 %, mais le chiffre d’affaires a reculé de 3 % à 10,9 milliards d’euros, principalement en raison d’une baisse de 8 % des ventes de Champagne.
Concernant les perspectives, Picard a souligné deux grandes zones d’incertitude : la Chine et les États-Unis. Cependant, il s’est montré prudemment optimiste, affirmant que « le pire n’est jamais certain ». Il a noté que, malgré les potentielles taxes américaines, les fondamentaux économiques du pays restent relativement stables.
En ce qui concerne la Chine, Picard a reconnu les efforts de la France pour protéger son secteur du cognac mais a appelé à des « actions concrètes » avant une visite attendue du Premier ministre François Bayrou visant à apaiser les tensions commerciales.
Dans le secteur du Champagne, une reprise économique mondiale attendue et une réduction des stocks pourraient soutenir les ventes en 2025, bien que les exportations ne devraient pas retrouver leur niveau de 2023, a déclaré David Chatillon, président des maisons de Champagne.