À l'occasion du 80e anniversaire de la Libération, le président Emmanuel Macron s'est rendu dimanche à la nécropole nationale de Morette (Haute-Savoie) pour rendre hommage aux
combattants qui ont défendu le plateau des Glières contre les Allemands en 1944. Il s'est ensuite entretenu avec quatre anciens pensionnaires du refuge d'Izieu, où 44 enfants juifs ont été raflés par la Gestapo en avril 1944.
Une journée pour se souvenir. Emmanuel Macron s'est entretenu dimanche 7 avril avec quatre anciens de la maison d'Izieu, où 44 enfants juifs furent raflés par la Gestapo en avril 1944, après avoir commémoré les combats du plateau des Glières, lançant un long cycle mémoriel pour marquer le 80e anniversaire de la Libération.
En fin de matinée, le chef de l'État a salué les 105 "martyrs" des Glières, inhumés à la nécropole nationale de Morette, à Thônes (Haute-Savoie), ces "héros" qui ont défendu "9 000 hectares de France libre au creux des cimes".
Devant trois sections de chasseurs alpins et près de 600 enfants, il a invoqué la devise de ces résistants. "Vivre libre ou mourir : tel est notre viatique, hier, aujourd'hui et demain, pour que vive la République et vive la France", a-t-il lancé, faisant, un peu plus tard, lors d'un bain de foule, le rapprochement avec l'invasion russe en Ukraine : "Il faut que les assaillants arrêtent (...) qu'ils soient sûrs de notre détermination, pour qu'on puisse vivre libre ou mourir".
"Des Français emprisonnèrent des Français, des Français assassinèrent des Français" Emmanuel Macron a rendu hommage à la diversité des 465 maquisards qui se regroupèrent, de janvier à mars 1944, sur ce plateau à 1 400 mètres d'altitude pour recevoir des parachutages d'armes des Alliés, dans la perspective du Débarquement de Provence (août 1944).
"Des professeurs, paysans, notables, juifs comme catholiques, communistes, socialistes ou gaullistes, anarchistes, officiers français et étrangers unis dans le même combat face au nazisme", a-t-il détaillé, saluant la mémoire de Jean Isaac Tresca, dernier résistant des Glières, décédé en 2022 à 104 ans.
À la fin mars 1944, l'armée allemande et la milice investirent le plateau. Les deux tiers des maquisards furent faits prisonniers et 124 tués lors des combats ou fusillés, neuf disparurent, seize mourront en déportation.
"C'est bien là notre tragédie française qu'il n'y ait pas eu d'un côté les Français et de l'autre les nazis (...) Des Français emprisonnèrent des Français, des Français assassinèrent des Français", a rappelé le chef de l'État.
Emmanuel Macron avait déjà fait le déplacement aux Glières en compagnie de l'ex-président Nicolas Sarkozy, le 31 mars 2019, pour le 75e anniversaire des combats.
"Il ne faut rien céder sur nos valeurs et éduquer" Dans l'après-midi, toujours accompagné de la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et du ministre des Armées Sébastien Lecornu, il a déposé une rose blanche devant l'entrée de la maison d'Izieu (Ain).
Il s'est ensuite entretenu avec quatre anciens de ce refuge. "Je ne comprenais rien à cette guerre qui était au-dessus de moi. J'étais en colère, je ne mangeais plus", lui a raconté Hélène Waysenson, 8 ans à l'époque, arrivée du Luxembourg avec deux de ses frères.
À lire aussi Rafle des enfants d'Izieu : le miraculé Samuel Pintel ne "peut pas laisser tomber" ses camarades
"Il faut beaucoup de résilience pour venir vous parler", a relevé Roger Wolman, qui, en 1943, âgé de cinq ans, a passé quelques semaines dans la maison alors que ses parents avaient été déportés.
Entre mai 1943 et avril 1944, la colonie, fondée par Sabine Zlatin, résistante juive d'origine polonaise, et son époux Miron Zlatin, qui avait fui la Révolution russe, a accueilli une centaine d'enfants, parfois pour quelques semaines.
Le 6 avril 1944, 44 enfants juifs de quatre à douze ans étaient raflés par la Gestapo de Lyon sur ordre de Klaus Barbie, avec leurs sept éducateurs, juifs également. Tous furent déportés dans les camps d'Auschwitz-Birkenau (Pologne) et de Reval (Estonie). Foto-Jacques Paquier, Wikimedia commons.