L’Algérie a donné 48 heures à douze membres du personnel de l’ambassade de France pour quitter le pays, marquant une nette escalade des tensions entre les deux nations. Cette décision,
annoncée par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, fait suite à la mise en examen à Paris de trois ressortissants algériens – dont un agent consulaire – liés à l’enlèvement du célèbre opposant Amir Boukhors.
Boukhors, connu en ligne sous le nom d’Amir DZ, est un critique virulent du régime algérien et rassemble plus d’un million de followers. Il a obtenu l’asile en France en 2023 et y réside depuis 2016. En avril 2024, il aurait été enlevé dans une banlieue sud de Paris par des individus se faisant passer pour des policiers, avant d’être relâché le lendemain dans une zone boisée. Son avocat affirme qu’il ne s’agirait pas de la première attaque contre lui, évoquant un précédent incident en 2022.
Les autorités françaises accusent les trois Algériens d’enlèvement, de détention arbitraire et de liens avec une organisation terroriste. En réponse, l’Algérie a protesté contre l’arrestation de son agent consulaire, affirmant qu’il avait été interpellé publiquement sans notification diplomatique préalable – un acte sans précédent dans les relations franco-algériennes.
Le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de France et qualifié l’arrestation d’acte délibéré visant à perturber les efforts en cours pour améliorer les relations bilatérales. Il a exigé la libération immédiate de l’agent arrêté.
L’expulsion des 12 diplomates français – dont certains seraient issus du ministère français de l’Intérieur – survient quelques semaines seulement après des tentatives de réchauffement des relations, notamment un appel téléphonique en mars entre les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, suivi d’une visite officielle de Barrot à Alger début avril.
Jean-Noël Barrot a exhorté l’Algérie à revenir sur sa décision, avertissant que si l’expulsion était maintenue, la France « n’aurait d’autre choix que de répondre immédiatement ».
La situation provoque également des tensions politiques en France. Certains responsables de droite accusent le président Macron de faire preuve de trop de complaisance envers l’Algérie. Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a même menacé de démissionner si une ligne plus ferme n’était pas adoptée.
L’Algérie considère depuis longtemps Amir Boukhors comme une menace, l’accusant de fraude et de liens avec des groupes terroristes – des accusations qu’il rejette. La justice française a déjà refusé des demandes d’extradition à son encontre, invoquant des inquiétudes pour sa sécurité.
Ce nouvel accrochage diplomatique vient s’ajouter à une série de différends croissants entre les deux pays, notamment l’emprisonnement en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, et le soutien français à la revendication marocaine sur le Sahara occidental, qui avait poussé l’Algérie à rappeler son ambassadeur à Paris l’an dernier. Foto-Pymouss, Wikimedia commons.