Lundi, la France et le Maroc ont conclu des accords d'une valeur allant jusqu'à 10 milliards d'euros lors de la visite de trois jours du président français Emmanuel Macron au Maroc, visant à
apaiser les récentes tensions diplomatiques, ont indiqué des sources proches des accords à l'AFP.
De nombreux accords ont été signés en présence de Macron et du roi Mohammed VI, et d'autres accords portant sur l'énergie et les infrastructures devraient être finalisés mardi.
Le voyage de Macron, initié par une invitation du roi Mohammed VI fin septembre, représente une étape vers l'apaisement des relations tendues de longue date entre Paris et Rabat. Macron était accompagné d'une délégation de ministres et de dirigeants d'entreprises français, avec des drapeaux français et marocains bordant les principales avenues de la ville.
Des ministres clés de France, dont le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, le ministre de l'Économie Antoine Armand, et la ministre de la Culture Rachida Dati—d'origine marocaine—ont rejoint Macron lors de la visite.
Bien que les détails spécifiques des contrats restent non divulgués, plusieurs accords majeurs ont été mis en avant. Le fabricant ferroviaire français Alstom fournira, par exemple, jusqu'à 18 wagons de trains à grande vitesse au Maroc dans le cadre des accords. La société énergétique Engie et l'Office marocain des phosphates ont signé un accord sur les énergies renouvelables, avec des investissements potentiels atteignant jusqu'à 3,5 milliards d'euros. De plus, TotalEnergies collaborera au développement de la production d'hydrogène vert au Maroc.
Un 'pont entre l'Europe et l'Afrique'
La visite de Macron reflète également un effort pour aborder les tensions de longue date entre la France et le Maroc sur des questions comme le conflit du Sahara occidental et les récentes initiatives diplomatiques de la France avec l'Algérie.
La région du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole, est principalement sous contrôle marocain mais est également revendiquée par le Front Polisario soutenu par l'Algérie, qui a déclaré une « guerre de légitime défense » en 2020 pour rechercher l'indépendance du territoire. Les Nations unies la reconnaissent comme un « territoire non autonome ».
La relation entre Paris et Rabat s'est encore tendue lorsque la France a réduit le nombre de visas accordés aux Marocains en 2021. Macron a fait un pas important pour apaiser cette tension en juillet en soutenant le plan d'autonomie du Maroc pour le Sahara occidental comme « seule base » pour résoudre le conflit de longue date.
Ce changement de position de la France a été une victoire diplomatique pour le Maroc, en s'alignant sur les États-Unis, qui ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en 2020 dans le cadre de la normalisation des relations du Maroc avec Israël.
La visite de Macron au Maroc intervient également alors que son engagement diplomatique avec l'Algérie connaît des revers. Une visite d'État prévue à Paris par le président algérien Abdelmadjid Tebboune a été à plusieurs reprises reportée et a finalement été annulée par l'Algérie plus tôt ce mois-ci. Suite au soutien de Macron au plan d'autonomie du Maroc, l'Algérie a rappelé son ambassadeur en France, qui n'a pas encore été remplacé. Foto-jim from Lausanne, Switzerland, Wikimedia commons.