Carla Bruni-Sarkozy, l'épouse de l'ancien président Nicolas Sarkozy, a été interrogée jeudi dans le cadre d'une audition libre, sur la base des accusations des enquêteurs dans l'affaire de
la rétractation de l'intermédiaire Ziad Takieddine. Ce dernier avait accusé Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens.
Un nouveau développement dans l'affaire du présumé financement libyen. L'enquête sur la rétractation en 2020 de l'intermédiaire Ziad Takieddine, qui avait accusé Nicolas Sarkozy d'avoir financé sa campagne présidentielle de 2007 avec des fonds libyens, a entraîné l'interrogatoire jeudi 2 mai de Carla Bruni-Sarkozy en tant que suspecte.
À la suite de cette audition libre, qui a débuté jeudi matin à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), "aucune décision immédiate n'a été prise par les magistrats instructeurs", a déclaré une source judiciaire à l'AFP en début d'après-midi.
"Madame Carla Bruni-Sarkozy s'est rendue ce matin comme convenu à une audition libre qui a duré près de trois heures", ont réagi ses avocats, Me Paul Mallet et Benoît Martinez. "Au cours de cette audition qui s'est déroulée dans un climat serein, elle a pu apporter toutes les explications nécessaires", ont-ils ajouté.
L'ancien président, qui nie les faits, a été mis en examen dans cette affaire début octobre pour recel de subornation de témoin et association de malfaiteurs en vue de la préparation d'escroqueries au jugement en bande organisée.
De témoin à suspecte
Selon des éléments de l'enquête, Carla Bruni-Sarkozy avait initialement été entendue comme témoin, notamment en raison du témoignage de "Mimi" Marchand, également mise en cause dans l'affaire.
Cette dernière avait affirmé avoir eu des rencontres avec son amie pour justifier ses déplacements au domicile du chef de l'État à des moments clés de l'opération.
Cependant, selon une source proche du dossier, le juge d'instruction s'est depuis penché sur divers éléments à charge.
Tout d'abord, il y a eu une "volonté de dissimulation" de la part de Carla Bruni, qui a "effacé l'intégralité des messages qu'elle a échangés avec Mimi Marchand" le jour de la mise en examen de cette dernière, le 5 juin 2021.
L'ancien président a souligné avoir conservé les siens, ajoutant : "Si c'était une stratégie de dissimulation, on pourrait se demander pourquoi elle et pas moi ?"
Ensuite, Carla Bruni est soupçonnée d'avoir aidé Michèle Marchand et le photographe Sébastien Valiela à obtenir un test PCR mi-octobre 2020 leur permettant de se rendre au Liban pour l'interview qui a conduit à la rétractation de Ziad Takieddine sur ses accusations de financement libyen.
Un revirement de situation
Ce volet "rétractation" est lié à l'enquête principale sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, qui sera jugée début 2025.
Le premier événement ayant attiré l'attention de la justice est le spectaculaire revirement de l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine, dans une interview à Paris Match - BFMTV, mi-novembre 2020, puis dans une lettre adressée un mois plus tard aux magistrats instructeurs français.
À ces deux occasions, Ziad Takieddine avait affirmé que la campagne de Nicolas Sarkozy n'avait pas été financée par les Libyens, contrairement à ses déclarations antérieures dans le dossier.
Le Parquet national financier a ouvert en mai 2021 une enquête sur ces faits.
Dans cette affaire, onze protagonistes sont désormais soupçonnés d'avoir participé, à différents moments et degrés, à cette opération qui aurait principalement visé à tromper la justice française. Outre Nicolas Sarkozy et Mimi Marchand, les personnes mises en cause incluent l'intermédiaire Noël Dubus, déjà condamné pour escroquerie, le puissant homme d'affaires David Layani, etc.
Les poursuites contre le financier Pierre Reynaud, décédé en mai 2023, sont éteintes. Foto-Remi Jouan, Wikimedia commons.