La France est «loin d'être prête» à construire six réacteurs nucléaires, selon un rapport du principal organisme d'audit du pays, mettant en lumière les difficultés de revitalisation de son
parc nucléaire vieillissant.
En 2022, le président français Emmanuel Macron a dévoilé un plan pour qu'EDF, une entreprise publique, construise six réacteurs pressurisés européens (EPR). Initialement estimé à 51,7 milliards d’euros (52,73 milliards de dollars), le coût a été révisé à 67,4 milliards d’euros en 2023 en raison de la hausse des prix des matières premières et des dépenses d'ingénierie.
EDF devait fournir une estimation actualisée des coûts d'ici la fin de 2023, mais cela n'a pas encore été fait. Bien que la construction soit prévue pour commencer en 2027, la Cour des comptes a averti que l’incertitude sur le financement du projet a entravé la préparation de la chaîne d’approvisionnement, posant des risques importants pour le succès du projet.
La France, qui dépend de l'énergie nucléaire pour environ 70 % de son électricité, doit relever le défi de la mise hors service de nombreux réacteurs vieillissants tout en cherchant à se positionner comme un leader mondial de la technologie nucléaire face à un intérêt international renouvelé pour cette source d'énergie. Le gouvernement souhaite également démontrer l'efficacité de son nouveau modèle de réacteur simplifié, l'EPR2.
Bien que le budget révisé reste inférieur aux coûts des projets nucléaires récemment achevés, EDF espère réaliser des économies grâce à la production en série des réacteurs. Cependant, le rapport d'audit a souligné que les incertitudes, en particulier concernant le financement, menacent la faisabilité du projet.
Le gouvernement envisagerait de proposer à EDF un prêt sans intérêt pour financer une partie importante de la construction, mais ce plan n’a pas encore été finalisé. « Les retards et les incertitudes... réduisent la visibilité nécessaire aux acteurs industriels pour s'engager dans des projets de cette envergure et sécuriser le financement », indique le rapport d’audit. Il a également averti que « l'accumulation de risques et de contraintes pourrait conduire à l'échec du programme EPR2 ».
EDF a indiqué que la mise en place d'un cadre d’investissement avec le gouvernement est une condition préalable à sa décision finale d’investissement, prévue pour début 2026.
L’organisme d’audit a également exprimé des préoccupations concernant la « rentabilité médiocre » du projet EPR de Flamanville, dont le coût est estimé à 23,7 milliards d’euros, y compris les frais de financement. EDF a répondu que la compétitivité du programme EPR2 dépendra en partie de l’accord de financement négocié avec l’État et la Commission européenne.
L’entreprise a souligné l’importance de finaliser un contrat préliminaire avec le gouvernement pour établir le cadre financier avant d’obtenir l’approbation de la Commission européenne.
Parallèlement, EDF est confrontée à une augmentation significative des coûts de la centrale nucléaire de Hinkley Point au Royaume-Uni, où elle est désormais le seul investisseur après le retrait de son partenaire chinois CGN en 2023. L'entreprise a déclaré qu'elle devait trouver de nouveaux investisseurs pour le projet Sizewell C au Royaume-Uni avant de s'engager davantage financièrement. EDF a réitéré que sa participation à Sizewell C dépend de plusieurs conditions, notamment la limitation de sa participation à 20 %.