Malgré le choc de la récente condamnation de Marine Le Pen, le Rassemblement National (RN), parti d'extrême droite français, n’a montré aucun signe de changement de cap alors que ses
dirigeants se sont réunis à Paris dimanche. Présentée comme une protestation contre la décision de justice visant Le Pen, la réunion a vu les figures de proue du parti la défendre avec vigueur, sans toutefois offrir de réelle feuille de route pour l’avenir.
Des milliers de partisans se sont rassemblés près du dôme des Invalides — lieu de repos de Napoléon — sous la bannière de la “sauvegarde de la démocratie.” Le Pen, défiant depuis la scène, a déclaré : « Je ne céderai pas », après avoir été condamnée à une interdiction de cinq ans d’exercer une fonction publique en raison d’une affaire de fraude concernant les assistants parlementaires au Parlement européen. Sauf si elle obtient gain de cause en appel d’ici 2026, cette décision l’empêchera de se présenter à l’élection présidentielle de 2027.
« Ce n’est pas la justice — c’est de la politique », a lancé Le Pen à la foule, accusant le système judiciaire d’être biaisé et de chercher à l’empêcher d’accéder au pouvoir. Elle a appelé à une « résistance pacifique, démocratique, populaire et patriotique », en faisant référence à l’époque des droits civiques et à Martin Luther King Jr.
Jordan Bardella, président du parti et protégé de Le Pen, a repris ses propos dans un discours aux multiples références, notamment à Napoléon et à la démocratie athénienne. Il a réaffirmé sa fidélité au duo de confiance qu’il forme avec Le Pen.
Des messages de soutien d’alliés internationaux, comme le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, l’Italien Matteo Salvini ou encore l’ancien Premier ministre tchèque Andrej Babiš, ont été diffusés lors du rassemblement.
Pas de plan clair pour l’avenir
Si l’événement a permis de mobiliser les soutiens, il n’a fourni aucune stratégie concrète pour gérer les conséquences juridiques de l’affaire Le Pen. Les dirigeants du RN ont adopté une posture attentiste, misant sur le succès d’un éventuel appel.
Le Pen s’en est également prise à l’Union européenne et à son office antifraude, l’OLAF, qu’elle accuse de ne pas respecter les règles juridiques et d’agir avec une « brutalité autoritaire ».
Le RN affirme avoir gagné en popularité depuis la condamnation, avançant le chiffre de 500 000 signatures pour une pétition et 20 000 nouveaux adhérents — des données non vérifiées. Certains participants, comme Anthony, 22 ans, ont déclaré avoir été inspirés à rejoindre le parti après le rassemblement.
Tensions et contre-manifestations
Malgré une forte présence policière, des tensions ont éclaté lors de l’événement. Plusieurs journalistes ont été harcelés, voire bousculés, par des participants d’extrême droite. Un manifestant, William, 25 ans, a déclaré à Euractiv qu’il était venu dénoncer ce qu’il considère comme des “attaques orchestrées par l’État” contre le parti, affirmant qu’il ne se sentait plus en sécurité dans sa banlieue parisienne, en raison du nombre de jeunes “priant Allah”.
Ailleurs dans la capitale, des groupes de gauche, dont La France Insoumise (LFI) et les Verts, ont organisé des contre-manifestations pour rejeter ce qu’ils perçoivent comme une tentative de Le Pen de se poser en victime. « Nous rejetons le récit victimaire de Le Pen et du RN », a écrit le leader de gauche Jean-Luc Mélenchon sur X.
Par ailleurs, des membres du gouvernement ont dénoncé les soutiens internationaux à Le Pen. Le Premier ministre François Bayrou a critiqué le soutien de l’ancien président américain Donald Trump, qualifiant cela « d’ingérence étrangère » — une opinion partagée par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal.