Exit la société civile, priorité à une « solution politique » : Emmanuel Macron s'est tourné, mardi 3 septembre, vers la droite et la gauche pour savoir si Xavier Bertrand ou Bernard
Cazeneuve pourrait éviter une censure immédiate de l'Assemblée nationale en cas de nomination à Matignon.
Tout en écartant une décision immédiate, l’entourage du président semble voir une possible issue à la crise politique actuelle, 58 jours après les élections législatives qui ont laissé le pays sans majorité claire.
Selon un proche du président, les deux figures politiques – l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve et le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand – semblent apporter « plus de stabilité » que d'autres candidats, tels que Lucie Castets du Nouveau Front populaire, rejetée par Emmanuel Macron. « Il existe des réticences sur le fond et la méthode, mais pas forcément de censure immédiate », estime cette source.
S'appuyant sur cette ouverture, Emmanuel Macron continue de sonder les partis sur ces deux noms, privilégiant une « solution politique ». L'idée de nommer Thierry Beaudet, président du Conseil économique, social et environnemental, qui était en tête lundi, semble désormais écartée.
Des consultations qui se poursuivent
Dans l'après-midi, Emmanuel Macron a discuté avec les socialistes Olivier Faure et Boris Vallaud, qui ont souligné leur volonté de se prononcer sur un programme plutôt que sur des personnalités.
Du côté des cadres du PS, bien que certains soient favorables à une abstention bienveillante envers un gouvernement dirigé par Bernard Cazeneuve, le bureau national du parti a décidé de ne pas soutenir sans condition l’ancien ministre de François Hollande.
Réactions à droite et à l'extrême droite
Outre les socialistes, Emmanuel Macron a consulté d'autres membres du Nouveau Front populaire, arrivé en tête des élections législatives sans atteindre la majorité absolue. Il a notamment échangé avec les communistes et les écologistes, tandis que La France insoumise, par la voix de Mathilde Panot et Manuel Bompard, a rejeté toute participation à ces consultations, dénonçant « des improvisations » et des « tentatives de division » de la gauche.
Quant au Rassemblement national (RN), le parti d'extrême droite a rapidement écarté l'option Xavier Bertrand, dont la popularité montait lundi avant d’être freinée par plusieurs critiques. Le député Sébastien Chenu a déclaré que Bertrand était « la pire des options » en raison de ses oppositions passées au RN. De même, un gouvernement dirigé par Bernard Cazeneuve a été jugé « impossible » par le RN, qui estime qu’il mènerait une politique trop à gauche.
Cependant, le parti de Marine Le Pen se dit favorable à un gouvernement technique, limité à expédier les affaires courantes et à mettre en place la proportionnelle aux élections législatives, en vue d'une nouvelle dissolution possible après l'été 2025.
Quelle décision à venir ?
Le président de la République va-t-il choisir l’un de ces ténors politiques ? Un proche de l’exécutif n’exclut pas l'apparition d'un « troisième nom ». Mais le temps presse : le budget 2025 doit être présenté au Parlement au plus tard le 1er octobre, et le ministère des Finances a récemment annoncé une nouvelle dégradation du déficit, qui pourrait atteindre 5,6 % du PIB cette année.
Edouard Philippe, ancien Premier ministre, a quant à lui prévenu contre l'« immobilisme » et a choisi de prendre les devants, annonçant sa candidature à la présidentielle de 2027. Foto-Jacques Paquier, Wikimedia commons.