Condamnés à de lourdes peines, de simples citoyens opposés à la guerre en Ukraine rejoignent par dizaines la liste des prisonniers politiques. Comme à l'époque soviétique, les tribunaux
recourent aussi à la psychiatrie punitive.
Egor Balazeïkine, 17 ans, a été condamné en novembre à six ans de prison après avoir été reconnu coupable, par un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg, d'avoir voulu incendier un centre de recrutement. Ouvrier à Volgograd, étudiante à Iaroslav, artiste à Saint-Pétersbourg, ingénieur à Kaliningrad, retraitée en Bouriatie, entrepreneur dans la région de Krasnodar… Chaque jour, en Russie, la liste de citoyens sans étiquette particulière poursuivis pour « apologie du nazisme », « extrémisme » ou « discréditation de l'armée », selon la nouvelle loi entrée en vigueur en mars 2022, s'allonge. Entre le 24 février 2022, date de l'invasion de l'Ukraine, et le 3 décembre 2023, 19 884 personnes ont ainsi été interpellées pour avoir manifesté leur opposition à la guerre, selon l'ONG russe OVD-Info, spécialisée dans la surveillance des arrestations et des brutalités policières.
Viennent ensuite les condamnations : six, sept, huit ans d'emprisonnement et jusqu'à vingt-cinq ans, la peine la plus lourde jusqu'ici, infligée à l'opposant Vladimir Kara-Mourza. Le plus jeune, Egor Balazeïkine, 17 ans, a été condamné en novembre à six ans de prison après avoir été reconnu coupable, par un tribunal militaire de Saint-Pétersbourg, d'avoir voulu incendier un centre de recrutement.
Près de 300 femmes et hommes ont ainsi rejoint derrière les barreaux des opposants, des Témoins de Jéhovah ou des Tatars de Crimée persécutés, soit 1 352 prisonniers politiques, selon le dernier décompte de l'ONG de défense des droits humains Memorial. Rapportés à la population du pays, 144 millions d'habitants, ces chiffres peuvent paraître modestes, mais ils sont en constante augmentation. Surtout, ils dépassent le nombre de prisonniers politiques, 700, inventoriés par Memorial dans les années qui ont précédé l'arrivée au pouvoir de Mikhaïl Gorbatchev. Et la machine répressive s'emballe. Foto-Pavel Kazachkov, Wikimedia commons.