La visite du Président français Emmanuel Macron en Asie centrale souligne l'importance croissante de la région pour les approvisionnements en énergie nucléaire et fossile de l'Europe. La visite
vise à renforcer les relations commerciales avec le Kazakhstan et l'Ouzbékistan, mettant en avant le rôle de l'Asie centrale dans l'industrie nucléaire française. L'année dernière, le Niger était le deuxième plus grand fournisseur d'uranium de la France, après le Kazakhstan, suscitant des inquiétudes en raison de l'instabilité politique au Niger. Le Président Macron a visité le Kazakhstan, le plus grand producteur d'uranium au monde, et est en Ouzbékistan, un autre important producteur d'uranium. Les deux pays sont dirigés par des régimes autoritaires.
Le Président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, a salué la France comme un "partenaire clé et fiable" lors d'une conférence de presse. La dépendance de la France à l'énergie nucléaire pour plus de 60 % de son électricité rend l'uranium d'Asie centrale particulièrement intéressant. Le Kazakhstan recherche l'expertise française pour le développement de son industrie nucléaire, comme en témoigne la présence d'EDF, une entreprise d'État française, dans l'offre de construction de la première centrale nucléaire du Kazakhstan.
Ces dernières années, la France a importé une part importante de son uranium de mines exploitées par des entreprises françaises au Niger. Cependant, l'instabilité politique à la suite d'un coup d'État militaire au Niger a soulevé des questions sur la sécurité de cette source d'approvisionnement. Malgré l'affirmation de la France selon laquelle elle disposait de suffisamment de stocks d'uranium pour environ deux ans, la visite du Président Macron met en lumière l'incertitude entourant l'instabilité politique dans une source d'approvisionnement cruciale.
L'Asie centrale connaît un changement de ses relations avec la Russie, avec le déclin de l'influence russe dans la région après l'avoir dominée pendant plus d'un siècle, en partie en raison de la guerre en Ukraine. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a critiqué les tentatives de "détourner de Moscou des voisins, des amis et des alliés". Cependant, les importations parallèles de biens occidentaux via les pays d'Asie centrale, contournant les sanctions, présentent des tensions entre l'UE, les États-Unis et la Russie.
Un autre thème tout aussi important est la lutte contre l'influence croissante de la Chine dans la région. Bien que Pékin ait une présence militaire limitée en Asie centrale, son influence économique a considérablement augmenté ces dernières années, avec de nombreux projets financés dans le cadre de l'initiative "Belt and Road". Alors que la France et l'UE ne peuvent espérer égaler le pouvoir financier de la Chine dans la région, la visite du Président Macron vise à exploiter l'opportunité stratégique créée par le conflit en Ukraine pour inciter certains des partenaires traditionnels de la Russie à s'aligner sur les intérêts occidentaux. Foto-Ninaras, Wikimedia commons.