Le tribunal électoral brésilien a atteint, vendredi, la majorité nécessaire à une condamnation de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro pour "abus de pouvoir". Cela le rendra
inéligible durant huit ans pour s'être livré à de la désinformation avant sa défaite à l'élection présidentielle de 2022.
Un coup de tonnerre dans la politique brésilienne. Une majorité de juges du tribunal électoral ont voté, vendredi 30 juin, la condamnation de l'ancien président d'extrême droite Jair Bolsonaro à huit années d'inéligibilité pour s'être livré à de la désinformation avant sa défaite électorale, en 2022.
Quatre juges du Tribunal supérieur électoral (TSE) ont voté pour une condamnation du leader d'extrême droite pour "abus de pouvoir", et un contre. Le vote de la juge Carmen Lucia, à l'ouverture de la quatrième audience de ce procès, a été décisif : quatre juges sur sept ont désormais voté pour mettre Jair Bolsonaro hors jeu.
Deux juges doivent encore voter, qui ont la possibilité de demander un report pour examiner davantage le dossier, ce qui retarderait d'autant la fin du procès et le prononcé de la condamnation.
L'ancien chef de l'État (2019-2022) était poursuivi pour "abus de pouvoir politique et usage indu des moyens de communication" pour avoir critiqué, sans preuve la fiabilité des urnes électroniques, quelques mois avant le scrutin remporté par son rival de gauche, Luiz Inacio Lula da Silva.
Jair Bolsonaro était une nouvelle fois absent de ce rendez-vous capital pour son avenir. Il se trouvait à Belo Horizonte, dans le sud-est du pays, pour un déjeuner avec des membres de son Parti libéral. "Je n'ai commis aucun crime en me réunissant avec des ambassadeurs. M'enlever mes droits politiques sous l'accusation d'abus de pouvoir politique est incompréhensible", avait lancé jeudi à la presse l'ex-capitaine de l'armée, âgé de 68 ans.
C'est, en effet, un discours prononcé en juillet 2022 devant des diplomates à la résidence présidentielle de l'Alvorada, et retransmis sur la télévision publique et les réseaux sociaux, qui est au cœur du procès. Il avait dit vouloir "corriger des failles" dans le vote électronique avec la "participation des forces armées".
Ce discours sur une supposée vulnérabilité, propice à la fraude, du système électoral, ce nostalgique de la dictature militaire (1964-1985) l'aura martelé durant toute sa campagne. Foto-Carolina Antunes, Wikimedia commons.