Oman, connu principalement pour sa production d'énergies fossiles (pétrole et gaz), se tourne vers une transition énergétique majeure. Le sultanat investit massivement pour devenir l'un des
plus grands producteurs mondiaux d'hydrogène renouvelable dans les années à venir, ce qui le place déjà en tête des pays de la région des États pétroliers en termes de nouvelles énergies.
Selon un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié le lundi 12 juin, Oman possède un "énorme potentiel en matière d'hydrogène renouvelable" et vise à atteindre la neutralité carbone d'ici 2050. Le pays est en passe de devenir le sixième exportateur mondial d'hydrogène et le premier au Moyen-Orient d'ici 2030. Oman, qui figure parmi les 30 plus grands producteurs mondiaux de pétrole et de gaz, cherche à réduire son utilisation des combustibles fossiles et a déjà pris des engagements en matière d'émissions nettes nulles avant la COP27 en Égypte en 2022.
Le sultanat a annoncé un investissement de 140 milliards de dollars dans l'industrie de l'hydrogène vert au cours des prochaines années. Cette somme est considérable comparée, par exemple, aux 19 milliards d'euros alloués à la transition énergétique en France pour l'année 2023.
Oman prévoit de produire au moins un million de tonnes d'hydrogène par an d'ici 2030, jusqu'à 3,75 millions d'ici 2040 et jusqu'à 8,5 millions d'ici 2050. Le pays dispose d'une situation géographique avantageuse, avec des côtes bordant le golfe Persique, la mer d'Arabie et le golfe d'Oman, offrant un accès facile aux principaux marchés d'importation tels que l'Europe et le Japon. Oman bénéficie également d'une excellente ressource solaire photovoltaïque et éolienne, ainsi que de vastes étendues de terres disponibles pour des projets à grande échelle.
Pour soutenir cette transition, le gouvernement a créé Hydrogen Oman en 2022, une entité chargée de planifier les projets à grande échelle et d'identifier les territoires propices à leur déploiement. Jusqu'en 2030, environ 1 500 km² de terres ont été réservés au développement de l'hydrogène, avec la possibilité d'augmenter cette superficie à 50 000 km² à plus long terme, soit près d'un sixième de la superficie totale du pays.
Cependant, un défi majeur reste le transport de l'hydrogène produit. Oman possède déjà des installations fonctionnelles, mais elles devront être considérablement développées dans les années à venir. Selon l'AIE, les exportations d'hydrogène renouvelable d'Oman seront probablement transportées initialement sous forme d'ammoniac. Oman exporte déjà environ 200 000 tonnes d'ammoniac par an, mais sa capacité d'exportation devra être multipliée par 20 à 30 d'ici 2030 s'il souhaite devenir un fournisseur international majeur d'hydrogène.
Paolo Frankl, directeur du rapport et chef de la division des énergies renouvelables de l'AIE, estime qu'Oman se positionne déjà en leader régional des nouvelles énergies. Il espère que le modèle omanais inspirera d'autres pays alors que de plus en plus de nations s'engagent dans une transition énergétique claire. Foto-Andries Oudshoorn, Wikimedia commons.