Malgré une majorité à l’Assemblée nationale, la gauche et le Rassemblement national (RN) n’ont pas réussi, jeudi 28 novembre, à faire adopter une loi visant à abroger la réforme des retraites,
face à une obstruction systématique du camp présidentiel. La France insoumise (LFI) a promis une motion de censure la semaine prochaine, dans un climat particulièrement tendu.
« La macronie est terminée et (...) le premier vote pour abroger réellement la réforme des retraites à 64 ans aura lieu mercredi prochain, lors de la censure qui permettra à la fois de faire tomber le gouvernement Barnier et de supprimer cette réforme impopulaire », a déclaré Mathilde Panot, présidente du groupe LFI, à l’issue des débats.
Une proposition centrale pour LFI
En tête des textes de la journée parlementaire annuelle réservée à ses propositions, LFI avait placé une loi visant à abroger la réforme de 2023, qui avait repoussé l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
Cependant, le texte n’a pas pu être voté en raison des nombreux amendements déposés par la coalition gouvernementale pour ralentir les travaux, qui devaient impérativement s’achever à minuit. Les débats ont été émaillés de rappels au règlement et de suspensions de séance.
Une opposition multiple et des tensions
Marine Le Pen, cheffe du RN, dont le groupe avait présenté un texte similaire le 31 octobre, a dénoncé sur X (anciennement Twitter) des « manœuvres d’obstruction » du camp présidentiel, qu’elle qualifie de « bras d’honneur au débat démocratique ». Elle a également critiqué la gauche pour avoir refusé de voter son texte « par pur sectarisme ».
Malgré tout, les partisans de l’abrogation ont remporté une victoire symbolique dans l’après-midi : par 241 voix contre 100, ils ont repoussé des amendements visant à vider le texte de sa substance. La députée LFI Clémence Guetté a salué sur X une « défaite cinglante pour le camp présidentiel », estimant qu’« il y a une majorité à l’Assemblée et dans le pays pour l’abrogation».
Un incident entre députés
La tension a culminé vers 22 heures, lorsqu’un incident a éclaté entre Nicolas Turquois, député MoDem, et Mickaël Bouloux, député socialiste. Turquois s’est plaint des menaces reçues par sa famille en raison de sa position sur la réforme. « Ma famille a été menacée ! Et ce sont des personnes de ton village ! », aurait-il déclaré, selon Le Figaro. Le président du groupe MoDem, Marc Fesneau, et des huissiers ont dû intervenir avant que Turquois ne quitte l’hémicycle.
Une motion de censure en préparation
La gauche accuse le camp présidentiel d’avoir saboté le débat avec des méthodes « indignes » et promet de se venger mercredi prochain, en déposant une motion de censure contre le gouvernement, si le RN décide de la soutenir. Le Premier ministre Michel Barnier pourrait déclencher l’article 49.3 dès lundi pour faire adopter le budget de la Sécurité sociale sans vote, ce qui ouvrirait la voie à une telle motion.
Cependant, les macronistes rappellent que LFI avait également entravé les débats sur la réforme des retraites en 2023. « Vous aviez voulu bloquer les votes à l’époque ! », a lancé le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, soulignant que les centaines d’amendements déposés jeudi n’étaient rien comparé aux 19 000 amendements de la gauche en 2023.
Une réforme contestée, mais encore en place
Le rapporteur du texte, Ugo Bernalicis (LFI), a assuré que la proposition reviendrait en discussion. « Ce qui est sûr, c’est que cette réforme sera abrogée, la seule question est de savoir quand », a-t-il affirmé. La bataille politique autour de la réforme des retraites reste donc ouverte, dans un climat toujours plus électrique. Foto-Pol at French Wikipedia.