Les dirigeants des quatre principaux partis du Nouveau Front populaire (NFP) sont réunis ce week-end à la Fête de l'Humanité. Insoumis, socialistes, écologistes et
communistes sont conscients des nombreux défis à relever pour maintenir l'union de la gauche et éviter de répéter l'échec de la Nupes.
Le 14 septembre, Manuel Bompard (La France insoumise), Olivier Faure (Parti socialiste), Marine Tondelier (Les Écologistes) et Fabien Roussel (Parti communiste) participent à une table ronde intitulée "Les défis du Nouveau Front populaire". Ce débat est crucial pour la gauche, après l’échec de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes).
Bien que le NFP ait obtenu une majorité relative le 7 juillet, lors des législatives anticipées, le refus d'Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets à Matignon a ramené l'alliance de gauche dans l'opposition. Cette situation mettra à l'épreuve la cohésion du NFP.
"Le besoin d'unité est dans l'esprit de chacun", a déclaré le député Génération.s, Benjamin Lucas, soulignant l'importance de ce rassemblement face à la montée de l'extrême droite.
"L'utilité du NFP est évidente, d'autant plus que le danger de l'extrême droite persiste", a ajouté Éric Coquerel, député de La France insoumise. Il a insisté sur l’importance de renforcer une gauche de rupture.
Un contexte plus favorable
Le principal défi pour le NFP sera de maintenir l'unité autour du programme commun des législatives, largement inspiré de celui de la Nupes et de Jean-Luc Mélenchon en 2022. Si certains membres du Parti socialiste souhaitent s’en éloigner, la nomination de Michel Barnier, issu du parti Les Républicains (LR), à Matignon pourrait pousser la gauche à se rassembler.
"Le contexte est plus favorable qu'en 2022 pour maintenir l'union de la gauche", analyse Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. Avec un gouvernement de droite soutenu implicitement par le Rassemblement national, la gauche sera unie, prédisant un vote unanime de censure.
Le NFP devra également s'accorder sur les questions budgétaires et l'abrogation de la réforme des retraites.
Cependant, au-delà des grands enjeux politiques, les quatre partis devront établir des modalités de fonctionnement claires. Les alliés de La France insoumise reprochent souvent à ce parti de prendre des initiatives sans concertation préalable.
Des tensions internes
Dernier exemple en date : la proposition de Jean-Luc Mélenchon, lancée le 17 août, d'activer une procédure de destitution contre Emmanuel Macron, qui a surpris les socialistes, écologistes et communistes. Cette initiative sera discutée au bureau de l'Assemblée nationale mardi prochain.
"Olivier Faure a déjà averti que les actions unilatérales doivent cesser pour qu'une candidature commune à la présidentielle puisse aboutir", explique Bruno Cautrès.
Pour que le NFP fonctionne, Benjamin Lucas préconise la création d'un intergroupe parlementaire regroupant tous les députés de l'alliance, afin d'organiser des débats et des délibérations.
Malgré cette volonté d'unité, des divisions persistent au sein des partis, notamment au Parti socialiste, où des opposants comme Nicolas Mayer-Rossignol et Anne Hidalgo critiquent la ligne d'Olivier Faure.
Du côté de La France insoumise, les tensions internes après la "purge" de juin continuent d’alimenter les querelles, comme en témoignent les échanges tendus entre François Ruffin et ses anciens camarades.
Malgré ces divisions, Marine Tondelier a promis un "moment de fête, d'unité et de résistance" lors de la Fête de l'Humanité, tout en avertissant que les sympathisants du NFP "ne pardonneront pas à ceux qui viendraient troubler cette unité". Foto-Nouveau Front Populaire, Wikimedia commons.