Bien que l'annonce officielle du gouvernement de Michel Barnier ne soit pas attendue avant plusieurs jours, les premiers pas du nouveau Premier ministre, nommé le
jeudi 5 septembre par Emmanuel Macron, offrent déjà un aperçu des orientations politiques qu'il pourrait suivre. Sans surprise, sa politique semble s'orienter vers la droite, en phase avec les attentes du parti Les Républicains (LR).
Vers des mesures d’austérité
Lors de son discours d'intronisation à Matignon, jeudi, Michel Barnier a évoqué l'importance de "l'accès aux services publics" pour les Français. Il a concrétisé ses propos en effectuant son premier déplacement à un hôpital parisien.
Lors de sa visite au siège du Service d'aide médicale urgente (Samu) à l'hôpital Necker, dans le XVe arrondissement, Barnier a cependant tempéré les espoirs d'investissements massifs de l'État dans la santé, l'éducation ou la justice, déclarant qu'il y avait "des économies à faire".
"On ne va pas faire des miracles", a-t-il dit au personnel soignant, ajoutant qu'il était là pour "dire la vérité" et non pour "raconter des histoires". Il a souligné la nécessité de réduire les dépenses publiques en raison du déficit, tout en cherchant à améliorer l'efficacité des services publics.
Cette approche s'inscrit dans la lignée du "pacte législatif" proposé par Les Républicains en juillet, qui prône à la fois le renforcement des services publics et 25 milliards d'euros d'économies sur le budget de l'État d'ici 2025.
Le "pacte législatif d’urgence" en voie d’adoption
Le pacte législatif, présenté par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, propose 13 projets de loi et 73 mesures, axés sur trois domaines : la restauration de l'autorité, la réindustrialisation des territoires, et le renforcement des services publics de proximité. Michel Barnier semble prêt à adopter ces propositions.
"Équilibres financiers, réindustrialisation, sécurité, politique pénale, immigration, logement, lutte contre l’islamisme, puis réforme en profondeur de l’éducation et de la santé. Tout cela est sur la table", a affirmé Gérard Larcher, président LR du Sénat, dans une interview au Figaro. Il a ajouté que le Premier ministre semblait avoir fait siennes les propositions de LR.
Le retour d'un ministère de l’Immigration ?
Malgré un démenti de Matignon, franceinfo a rapporté que Michel Barnier envisageait la création d'un ministère de l'Immigration. Ce ministère avait été institué par Nicolas Sarkozy en 2007 avant d'être supprimé en 2010.
Alors que Barnier a besoin, au minimum, de l'abstention des députés du Rassemblement national (RN) pour éviter une censure de son gouvernement à l'Assemblée nationale, il a rapidement adressé des signaux à l'extrême droite, notamment sur les questions de l'immigration et de la sécurité.
Lors de son intervention sur TF1, Barnier a déclaré : "Nous allons maîtriser les flux migratoires avec des mesures concrètes, pas avec de l’idéologie ou des discours." Cette position a suscité l'indignation à gauche et des critiques parmi certains membres de la majorité macroniste. La députée Renaissance Stella Dupont a exprimé son mécontentement sur le réseau social X, déclarant : "Ça commence fort ! C'est une priorité dans le moment et dans le contexte ?"
Ces premières déclarations et actions dessinent les contours d'une politique axée sur la rigueur budgétaire et la maîtrise des flux migratoires, des priorités susceptibles de polariser le débat politique en France. Foto-European Parliament from EU, Wikimedia commons.