Le président Emmanuel Macron rencontrera les représentants du monde agricole jeudi matin à l'Élysée pour discuter des "perspectives" du secteur et "acter la fin" de la crise de cet hiver.
Mettre un terme à la crise avec le monde agricole est l'objectif de cette "réunion de travail", selon les termes de l'Élysée, qui débutera jeudi 2 mai à 10 heures.
Lors de l'ouverture, sous les huées, du dernier Salon de l'agriculture le 24 février en pleine crise agricole, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous aux syndicats trois semaines plus tard.
L'échéance a été reportée à plusieurs reprises, le syndicat majoritaire FNSEA s'impatientant de voir le chef de l'État présenter "sa vision" de l'avenir de l'agriculture.
L'exécutif et la FNSEA ne cachent pas leur espoir de clore le chapitre de la crise agricole, qui a débuté avec le blocage d'une portion de l'autoroute A64 mi-janvier en Haute-Garonne et s'est étendue à l'ensemble du territoire autour de nombreuses doléances (normes, revenus, considération du métier...).
"On s'était engagé. Un accord a été conclu. On acte la fin", a commenté une source proche d'Emmanuel Macron.
Les manifestations ont poussé le gouvernement à prendre plus de 60 engagements (fonds d'urgence, simplifications, "pause" dans l'élaboration du plan de réduction de l'usage des pesticides, allègement des charges sur l'emploi de travailleurs saisonniers...). Les plus récents datent de samedi, lorsque le Premier ministre Gabriel Attal a notamment assuré que la prise en compte des 25 meilleures années dans le calcul de la retraite des agriculteurs serait effective en 2026.
"L'ensemble du paquet" d'engagements gouvernementaux représente "entre 500 et 600 millions d'euros" pour les finances publiques, a déclaré le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, à des journalistes.
L'Assemblée nationale a commencé à examiner cette semaine en commission un projet de loi d'orientation agricole étoffé avec la crise. Il contient dans son article 1, l'affirmation que l'agriculture est "d'intérêt général majeur", dans l'optique notamment de faciliter la construction de réserves d'eau pour l'irrigation et de nouveaux bâtiments d'élevage hors-sol.
Ni le format du rendez-vous de jeudi, ni la liste des invités n'ont été précisés par l'Élysée.
Outre les syndicats agricoles (alliance FNSEA-Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne, Modef), la Coopération agricole – qui représente les intérêts des coopératives françaises – et plusieurs interprofessions (porc, volaille, céréales, vin, fruits et légumes) ont confirmé à l'AFP avoir été conviées.
Les syndicats majoritaires FNSEA et JA, qui ont obtenu à la faveur de cette crise une moisson inédite de réponses à leurs revendications, attendent du président une prise de parole faisant écho à son discours de Rungis de 2017, qui fait figure d'épouvantail pour une grande partie du monde agricole.
Le message de la FNSEA à Emmanuel Macron ? "Faites en sorte que les annonces formulées se déclinent concrètement", a lancé le président du syndicat, Arnaud Rousseau, dans un entretien au Parisien mercredi. "Et si ce n'est pas le cas pour des raisons administratives ou politiques, alors à l'hiver prochain, il y aura à nouveau des mouvements", a-t-il prévenu.
"J'espère que le président a autre chose à nous dire que le gouvernement a fait tout ce qu'il pouvait pour nous. Ce ne serait pas entendable", a déclaré à l'AFP la présidente de la Coordination rurale, Véronique Le Floc'h.
Deuxième syndicat représentatif, la Coordination rurale continue d'organiser des manifestations locales, avec notamment des bâchages de radars de vitesse et des slogans comme "Pas d'argent pour les agriculteurs, pas d'argent pour l'État".
"Ce qui s'est passé ce week-end [avec les annonces de Gabriel Attal] ou ce qui se dira jeudi ne permettra de clore cette séquence et de dire que tout est réglé pour les paysannes et paysans. On s'organisera" pour continuer la mobilisation, affirme de son côté la porte-parole de la Confédération paysanne, Laurence Marandola. Foto-Jacques Paquier, Wikimedia commons.