Le partenaire de longue date d'Emmanuel Macron, François Bayrou, a ébranlé la majorité présidentielle mercredi soir en annonçant son refus d'entrer au gouvernement
en raison d'un désaccord fondamental "sur la politique à suivre". France 24 revient sur l'histoire mouvementée de leur relation politique.
François Bayrou exprime son mécontentement, une nouvelle péripétie dans la relation, faite de hauts et de bas, qu'il entretient avec Emmanuel Macron depuis sept ans. "Sans accord profond sur la politique à suivre, je ne pouvais pas accepter d'entrer au gouvernement", a-t-il déclaré mercredi soir à l'AFP, avant d'ajouter jeudi matin sur franceinfo une série de critiques sur la "dérive" vers une "technocratie gestionnaire" de l'exécutif, selon lui très éloignée de la promesse de 2017 de "gouverner autrement".
"Toutefois, nous sommes membres à part entière de la majorité", a-t-il déclaré, conscient qu'une bonne partie des cadres du MoDem souhaitent poursuivre l'aventure, en particulier les membres du gouvernement.
Ces déclarations ont perturbé le remaniement. Alors que l'ajout d'une quinzaine de ministres délégués et secrétaires d'État était attendu, il pourrait finalement être plus important. Avec ou sans le MoDem ? Impossible à dire à l'heure actuelle, même si la relation entre François Bayrou et Emmanuel Macron a déjà surmonté de nombreux défis.
Retour sur les moments clés de leur histoire commune.
En 2016, des débuts difficiles François Bayrou et Emmanuel Macron se rencontrent pour la première fois le 9 juillet 2016 à Pau, lors d'une étape du Tour de France. Le premier est alors maire de Pau et soutient Alain Juppé dans le cadre de la primaire de la droite. Le second est encore ministre de l'Économie de François Hollande.
La conversation est cordiale, mais loin du coup de foudre. François Bayrou est méfiant et sceptique à l'égard de ce jeune ambitieux qui n'a encore jamais participé à une élection. "Il y a une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique", déclare-t-il sur BFMTV deux mois plus tard.
"Février 2017, une alliance qui conduit à la victoire Alain Juppé battu par François Fillon à la primaire de la droite et Emmanuel Macron devenu candidat, tous les regards se tournent vers François Bayrou. Le patron du MoDem envisage une quatrième candidature à l'élection présidentielle, mais il sait qu'Emmanuel Macron fait campagne au centre et espère son ralliement.
Un rapprochement est initié à l'automne par Gérard Collomb, maire de Lyon à l'époque, première personnalité socialiste d'envergure à soutenir Emmanuel Macron. Le 22 février 2017, François Bayrou annonce lors d'une conférence de presse au siège de son parti une alliance avec Emmanuel Macron.
"Jamais dans les 50 dernières années, la démocratie en France n’a connu une situation aussi décomposée. Cette situation nourrit le pire des risques, une flambée de l’extrême droite qui fait planer la menace d’un danger immédiat pour notre pays et pour l’Europe. Parce que le risque est immense, parce que les Français sont désorientés et souvent désespérés, j’ai décidé de faire à Emmanuel Macron une offre d’alliance. C’est sans doute un geste d’abnégation mais ce sera aussi, je le crois, un geste d’espoir pour notre pays", déclare-t-il ce jour-là.
Les deux hommes s'entendent pour faire de la probité, avec une grande loi de moralisation de la vie politique, l'un des axes majeurs de la candidature d'Emmanuel Macron. C'est un tournant dans la campagne. Le candidat centriste grimpe dans les sondages et s'installe pour de bon dans le duo de tête. Il est élu le 7 mai 2017. Foto-Régions Démocrates 2010, Wikimedia commons.