Les Républicains ont lancé samedi leurs États généraux à Paris, entre critique de l'immigration "source de chaos" et attaque du "Wokistan". Objectif : refonder une "droite forte", selon le
président Éric Ciotti, alors que son parti est tombé à moins de 5 % lors de la dernière élection présidentielle.
Contraints de se refonder pour éviter de disparaître, Les Républicains (LR) ont lancé samedi 17 juin à Paris leurs États généraux sur une ligne très ferme, appelant à l'avènement d'une "droite forte, courageuse, conquérante" pour rebondir d'ici 2027.
Environ 1 600 personnes, selon les organisateurs, étaient réunies au Cirque d'Hiver pour ce "moment de vérité et de lucidité", selon les termes du président du parti LR, Éric Ciotti, qui marquait ainsi le début de plusieurs mois de travail thématique.
Prise de distance avec la macronie La tâche sera rude pour le parti historique de droite, tombé à moins de 5 % lors de la dernière élection présidentielle, et qui observe avec inquiétude l'échéance des élections européennes en juin.
Il est nécessaire de se "refonder" pour retrouver "la voix d'une droite d'ordre et de liberté, de progrès et d'identité", affirme Éric Ciotti, qui fait la "promesse solennelle" : "au bout de ce chemin, il y a la victoire".
Pour cette grande réunion, presque tout l'état-major des Républicains est présent, à l'exception remarquée de Laurent Wauquiez, qui est pourtant considéré comme un possible candidat à l'élection présidentielle de 2027.
Alors que les rumeurs de remaniement se propagent, les orateurs prennent grand soin de marquer leurs distances avec la macronie.
Le président du Sénat, Gérard Larcher, dont le nom a parfois été évoqué pour le poste de Premier ministre, critique Emmanuel Macron qui, "en tentant de désagréger les fondements de notre système politique", a "nourri les extrêmes".
"Ne craignons pas de dire certaines vérités même si elles dérangent, ne nous courbons pas devant ces élites qui pensent toujours avoir raison", ajoute-t-il, en blâmant "une certaine bien-pensance qui nous a conduits à l'échec".
Critique de l'immigration et du "wokisme" Pour ce nouvel élan, Les Républicains ont soigné leur mise en scène : tables rondes d'experts, sketch de l'humoriste Sandrine Sarroche, discours d'Éric Ciotti diffusé sur CNews, "conversation" sur le "wokisme" entre les commentateurs conservateurs Éric Naulleau et Mathieu Bock-Côté...
Car le ton est clairement orienté à droite pour cette journée, entre critique de l'immigration en tant que "source de chaos" et attaque du "Wokistan".
"L'extrême gauche, voilà l'ennemi", lance Éric Ciotti sous les applaudissements. Loin des "dictats de l'islamisme", il estime que "l'État doit de nouveau se faire respecter... Nous voulons dire que nous aimons la police et que nous l'applaudissons".
Avec ces thèmes, Les Républicains souhaitent être en phase avec une opinion de plus en plus orientée vers la droite. Un sondage Harris Interactive, dévoilé pendant les États généraux, souligne que les sympathisants de droite considèrent comme prioritaires "la sécurité" et "le pouvoir d'achat" dans les mois à venir.
Et LR reste le parti bénéficiant de la meilleure opinion parmi les sympathisants de droite, selon ce sondage, ce qui amène la politologue Chloé Morin à affirmer que "Les Républicains ne sont pas une marque morte".
Pour comprendre la désaffection des électeurs, Les Républicains ont invité des adhérents déçus à s'exprimer. "Sur certains sujets, vous êtes un peu inaudibles", affirme Claudine Le Barbier, 67 ans, qui déplore "l'endoctrinement de nos jeunes" à l'école.
Dans les gradins du Cirque d'Hiver, Elisa Rayon, étudiante de 22 ans, explique qu'elle a quitté LR "après les rapprochements avec Renaissance". Elle est venue aux États généraux "par curiosité" et se dit plutôt satisfaite de voir qu'"Éric Ciotti adopte une position plus ferme sur l'immigration, l'éducation...". Faut-il aller jusqu'à une union des droites ? "Il faut y réfléchir", estime-t-elle. Foto- Les Républicains, Wikimedia commons.