Jeudi, le Royaume-Uni a accepté de renoncer à sa souveraineté sur les îles Chagos, un archipel de plus de 60 îles dans l'océan Indien, au profit de Maurice.
Cet accord garantit l'avenir de la base militaire britannique-américaine sur l'île de Diego Garcia, un site stratégique clé pour les opérations militaires mondiales.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a annoncé que l'accord assure le maintien de la base de Diego Garcia, la plus grande île de l'archipel des Chagos, qui est sous contrôle britannique depuis plus de 50 ans. La base, qui accueille environ 2 500 militaires, principalement américains, a joué un rôle crucial dans des missions militaires, notamment pendant la guerre en Irak et la guerre en Afghanistan.
Le gouvernement britannique a souligné que sans cet accord, l'exploitation de la base de Diego Garcia aurait été menacée en raison de la souveraineté contestée et des litiges en cours, y compris devant des juridictions internationales. Lammy a affirmé que cet accord renforce le rôle du Royaume-Uni dans la sécurité mondiale, empêche l'océan Indien de devenir une route potentielle pour l'immigration illégale vers le Royaume-Uni, et solidifie les relations avec Maurice, un autre membre du Commonwealth.
Dans le cadre de l'accord, le Royaume-Uni conservera la souveraineté de Diego Garcia pour une période initiale de 99 ans et versera un loyer à Maurice. Un fonds de réinstallation sera également créé pour soutenir les Chagossiens déplacés, leur permettant de retourner sur les îles autres que Diego Garcia.
Les îles Chagos, souvent décrites comme un paradis tropical avec des paysages luxuriants et des plages de sable blanc, sont sous contrôle britannique depuis 1965, lorsqu'elles ont été séparées de Maurice, qui a obtenu son indépendance trois ans plus tard. Les États-Unis ont construit la base navale de Diego Garcia dans les années 1970 dans le cadre d'un accord de location avec le Royaume-Uni, la qualifiant de plateforme indispensable pour les opérations au Moyen-Orient, en Asie du Sud et en Afrique de l'Est.
Environ 1 500 habitants chagossiens ont été déplacés de force pour faire place à la base américaine, un acte que Human Rights Watch a qualifié l'année dernière de "crimes contre l'humanité" commis par une puissance coloniale. Les groupes de défense des Chagossiens ont exprimé leur déception de ne pas avoir été inclus dans les négociations et ont exigé que leurs voix soient prises en compte dans la détermination de l'avenir des îles.
Bien que l'accord permette la réinstallation des Chagossiens déplacés, beaucoup ont exprimé leur frustration face à leur exclusion du processus. Chagossian Voices, un groupe basé au Royaume-Uni, a critiqué le résultat et a demandé une participation complète à la rédaction du traité.
Le Royaume-Uni et Maurice se sont engagés à finaliser les processus juridiques aussi rapidement que possible, le traité devant aborder l'avenir des îles et réparer les torts du passé. Le Premier ministre mauricien, Pravind Jugnauth, a salué cet accord, déclarant qu'après 56 ans, la décolonisation de Maurice était enfin achevée.
L'accord a attiré l'attention internationale, le président Joe Biden saluant cet accord historique. Les États-Unis ont affirmé que l'accord garantit le fonctionnement continu de la base de Diego Garcia pour de nombreuses années à venir.
Cependant, certains députés conservateurs britanniques ont exprimé des préoccupations quant à la décision de céder la souveraineté, avertissant qu'elle pourrait avoir des répercussions sur la sécurité et potentiellement favoriser l'influence chinoise dans la région. Tom Tugendhat, l'un des critiques les plus en vue, a qualifié cette décision de "retrait honteux" qui affaiblit la sécurité du Royaume-Uni et expose ses alliés.
Malgré ces critiques, cet accord marque un moment significatif dans la résolution du long conflit sur la souveraineté des îles Chagos. Foto-Anne Sheppard, Wikimedia commons.