Le président Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis 2003, a été réélu à la tête de la Turquie, dimanche, avec 52,2 % des voix. Malgré une profonde crise économique, rien ne semble
affecter le réis, qui semble bien décidé à accentuer encore davantage les fractures de la société.
Publié le : 29/05/2023 - 14:32 7 min Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'adressant à des partisans rassemblés devant sa résidence après sa victoire à l'élection présidentielle, dans le district de Kisikli à Istanbul, le 28 mai 2023. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, s'adressant à des partisans rassemblés devant sa résidence après sa victoire à l'élection présidentielle, dans le district de Kisikli à Istanbul, le 28 mai 2023. © Murat Cetin Muhurdar, Turkish Presidential Press Service, AFP Texte par: Assiya HAMZA Suivre PUBLICITÉ Indétrônable. Après 20 ans passés à la tête du pays, Recep Tayyip Erdogan a été reconduit pour cinq années supplémentaires, dimanche 28 mai, avec 52,1 % des suffrages contre 47,9 % pour son rival Kemal Kilicdaroglu. Ce scrutin, considéré comme le plus important de l'histoire moderne du pays, offre le visage d'une Turquie plus divisée que jamais.
"C'est l'expression de ce qu'on avait constaté pendant la campagne électorale : deux blocs politiques, deux projets de société qui s'affrontent sur toutes les questions, analyse Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), spécialiste de la Turquie. C'est aussi la victoire incontestable d'Erdogan. Depuis des années, il a polarisé la société turque parce qu'il a compris qu'en surfant sur la majorité conservatrice, il atteindrait des victoires électorales. C'est sa quinzième."
Lors de son discours de victoire, le réis s'est néanmoins voulu rassembleur et rassurant. "Nous devons nous rassembler dans l'unité et la solidarité", a déclaré Recep Tayyip Erdogan devant une marée humaine agitant des drapeaux turcs, devant le palais présidentiel de Bestepe à Ankara. Un lieu loin d'être anodin. "C'est assez surprenant qu'il prenne la parole au Palais présidentiel à Ankara, et pas comme il en a l'habitude sur le balcon du QG de son parti l'AKP. C'est un signal pour dire qu'il fête sa victoire dans la capitale non pas comme un chef de parti, mais comme le président de tous les Turcs", souligne Ludovic de Foucault, correspondant de France 24 en Turquie. Foto-World Economic Forum from Cologny, Switzerland, Wikimedia commons.