Sosthene Munyemana, un ancien médecin rwandais, est actuellement en procès en France, faisant face à des accusations de génocide et de crimes contre l'humanité. Au moment du génocide
de 1994 au Rwanda, Munyemana, alors gynécologue de 29 ans vivant dans le sud du Rwanda, est accusé d'avoir organisé des actes de torture et de meurtre ayant entraîné la mort de 800 000 personnes.
Ayant vécu en France pendant 29 ans, le procès de Munyemana à Paris marque un développement significatif, car les procureurs français ont mis 28 ans pour porter l'affaire devant un tribunal. Les accusations portées contre lui découlent d'une plainte déposée en 1995 dans la ville de Bordeaux, un an après le génocide rwandais.
Le procès tourne autour de la clé d'un bureau situé dans un endroit appelé Tumba, qui devrait être un point central des débats. Munyemana, qui reconnaît détenir la clé, affirme que des individus tutsis ont cherché refuge dans le bureau, soutenant qu'il a travaillé pour empêcher le génocide. Cependant, les procureurs allèguent qu'il les a enfermés dans des conditions inhumaines avant qu'ils ne soient emmenés et tués.
Les deux parties du procès s'accordent sur un point : le retard inacceptable de nombreuses années pour que l'affaire arrive devant les tribunaux. Munyemana, qui nie toutes les accusations, risque la réclusion à perpétuité en cas de condamnation.
Le génocide rwandais, déclenché par la mort du président rwandais Juvenal Habyarimana lorsque son avion a été abattu au-dessus de l'aéroport de Kigali le 6 avril 1994, a conduit à une vague de violence. Habyarimana, issu de la majorité ethnique hutue du Rwanda, a été suivi d'une campagne de représailles initiée par la garde présidentielle à Kigali après sa mort. Le génocide a entraîné l'assassinat de dirigeants de l'opposition politique et le massacre systématique de Tutsis et de Hutus modérés. Entre avril et juin 1994, environ 800 000 Rwandais ont perdu la vie en l'espace de 100 jours. Foto-Ivan Mucyo, Wikimedia commons.