La tension croissante entre les deux généraux les plus puissants du Soudan, chacun soutenu par une force redoutable, a dégénéré en conflit ouvert, seulement 18 mois après qu'ils ont conspiré
pour faire dérailler la transition du pays vers la démocratie - avec les civils pris dans la mêlée d'une lutte de pouvoir mortelle.
Alors que le chaos s'abattait sur Khartoum tôt samedi et que les balles pleuvaient sur les maisons, y compris la sienne, l'analyste politique Hamid Khalafallah implorait ses compatriotes soudanais de rester à l'écart du combat.
"Quoi qu'il arrive, nous ne devrions JAMAIS permettre à cette lutte de pouvoir entre (l'armée) et les RSF de se transformer en guerre civile", a-t-il tweeté. "Ce n'est PAS notre combat, et nous ne sommes que des dommages collatéraux."
Lundi soir, les habitants de Khartoum et des villes à travers le Soudan étaient encore retranchés face à des affrontements féroces entre l'armée régulière et une force rivale qui se disputait le contrôle du pays, avec près de 100 morts civils et les médecins mettant en garde que le bilan réel serait probablement beaucoup plus élevé.
Les combats meurtriers sont le résultat d'une lutte de pouvoir vicieuse entre le général Abdel-Fattah al-Burhan, chef de l'armée et de facto chef du pays, et le général Mohamed Hamdan Dagalo, mieux connu sous le nom de "Hemedti", qui dirige les puissantes Forces de soutien rapide (RSF), un groupe paramilitaire.
Les deux généraux sont d'anciens alliés, ayant conspiré il y a seulement 18 mois pour faire dérailler la transition éphémère du Soudan vers la démocratie. Depuis le début des combats samedi, les deux hommes ont creusé leurs positions malgré la pression diplomatique croissante, affirmant qu'ils ne négocieraient pas de trêve, s'engageant dans des attaques verbales et exigeant la reddition de l'autre.
Alors que les combats s'intensifient lundi, Burhan a ordonné la dissolution des RSF, qualifiant ce groupe de "rebelle". En retour, Hemedti a qualifié le chef de l'armée de "radical islamiste qui bombarde des civils depuis les airs".
Ce bain de sang marque un revers mortel pour le Soudan, une nation riche en ressources longtemps en proie à une gouvernance kleptocratique. Il survient seulement quatre ans après un soulèvement populaire qui a contribué à renverser le dictateur de longue date Omar al-Bachir, inspirant l'espoir dans un pays stratégiquement situé au carrefour de l'Afrique et du monde arabe. Foto-Clintonpeter, Wikimedia commons.