Le gouvernement a maintenu mardi une jauge maximale de 5.000 spectateurs dans les stades à la reprise des championnats de football et de rugby, avec des dérogations possibles, dans un
contexte de recrudescence du Covid-19 qui annonce une rentrée difficile pour les clubs professionnels français.
Selon le décret publié au journal officiel mardi, les préfets pourront à partir du 15 août lever le plafond "à titre exceptionnel, après analyse des facteurs de risques", en fonction de la situation locale et des mesures sanitaires prises par les organisateurs d'événements. Cette possibilité ne concerne en théorie pas que les événements sportifs.
"Dans tous les cas, les mesures barrières seront applicables (spectateurs assis, portant un masque et distance minimale d'un siège entre groupe de 10 personnes maximum venant ensemble ou ayant réservé ensemble)", a expliqué dans un communiqué le ministère des Sports, alors que les images montrant certains supporters du PSG ne respectant pas la distanciation sociale lors du match amical contre Waasland-Beveren le 17 juillet avaient fait polémique.
L'annonce était attendue par l'ensemble des clubs professionnels qui reprennent leur saison entre août et septembre et espéraient faire le plein après six mois d'interruption forcée.
- "Pansement sur une jambe de bois" -
"Si on doit reprendre début septembre avec un public limité, et bien ce sera quand même mieux que rien du tout", avait anticipé Pierre-Yves Revol, président du Castres Olympique, résumant la tonalité générale à la Ligue nationale de rugby.
Malgré tout, l'inquiétude reste très forte chez les dirigeants: même avec des dérogations possibles, la jauge de 5.000 personnes "ne serait pas du tout satisfaisante pour nous, même pas un pansement sur une jambe de bois", estime Bernard Pontneau, président de la Section Paloise. "Osons le dire, ce serait le début de la mort, 85% de nos revenus ce sont les gens dans le stade".
Masques obligatoires, arrivées et départs par groupes échelonnés dans des zones autonomes, un siège vide à côté de chaque siège occupé, système de filtrage de l'air: le Racing 92 a lui déposé auprès des autorités son protocole sanitaire pour obtenir l'autorisation d'accueillir environ 14.000 spectateurs, soit la moitié de sa capacité en rugby, à l'Arena, son enceinte fermée de La Défense.
Si le foot peut compter sur les confortables revenus des droits télévisés, l'enjeu est crucial pour le rugby: en Top 14 et Pro D2, les revenus "jour de match" (partenariats et billetterie) pèsent en moyenne 60% du budget des clubs.
Or pour Thomas Lombard, le directeur général du Stade Français, elles seront en baisse de respectivement 30 et 25% dans le meilleur des cas, pour un budget général en chute de 20%. "Tout le monde navigue à vue", résume-t-il à l'AFP.
- Comment choisir ? -
Et comment feront les clubs pour choisir leurs 5.000 spectateurs? "C'est quasi-impossible, je n'ose même pas y penser!", se lamente Bernard Pontneau qui compte 8.500 fidèles entre abonnés et partenaires.
La sélection serait encore plus douloureuse à opérer dans les grands clubs de foot: à Marseille, les South Winners et leur 7.000 adhérents dépasseraient à eux seuls la jauge.
Vendredi, la finale de la Coupe de France de football remportée par le PSG sur Saint-Etienne s'est déroulée dans un Stade de France de 81.000 places quasi vide (2.805 spectateurs), malgré les appels du patron du foot français, Noël Le Graët, pour augmenter la jauge.
Les images montrant le même soir la présence de 12.000 personnes en tribunes au Puy-du-Fou n'ont pas échappé au milieu sportif, où l'on s'est interrogé sur une telle différence de traitement, même si au final le parc d'attraction vendéen a annoncé dès dimanche qu'il revenait à une limite de 5.000.
Au-delà des sports collectifs, la question se pose aussi pour le Tour de France cycliste, qui doit s'élancer le 29 août à Nice, et pour le tournoi de tennis de Roland-Garros (27 septembre).AFP
Début juillet, les organisateurs du tournoi français avaient annoncé leur intention d'accueillir jusqu'à 20.000 spectateurs par jour sur l'ensemble des courts, avec une limite fixée à 10.000 pour les finales, soit 50 à 60% de la jauge habituelle.