Le Sénat français a commencé à débattre d'un projet de loi sur l'immigration très controversé le lundi 6 novembre. Le gouvernement affirme que le projet de loi renforcera la sécurité des
migrants en situation régulière, mais les critiques y voient une preuve du virage à droite du président Emmanuel Macron.
Les opposants de gauche rejettent les dispositions du projet de loi visant à expulser davantage de personnes et à durcir les conditions pour les migrants en situation irrégulière. Les députés conservateurs s'opposent également aux dispositions visant à régulariser la situation des travailleurs sans papiers dans les secteurs en pénurie de main-d'œuvre. L'opposition de droite constitue le plus grand défi pour le gouvernement centriste de Macron dans l'adoption de cette législation. Les voix des députés conservateurs seront essentielles à l'Assemblée nationale, tandis que la droite détient la majorité au Sénat.
"Ce texte est une question de fermeté", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, dimanche, cherchant ainsi à séduire le parti conservateur Les Républicains (LR). Il s'est engagé à "trouver un moyen de faire adopter le projet de loi par le Parlement", mais les tentatives antérieures pour obtenir le soutien de LR ont échoué, et il y a peu d'indications que cette fois-ci sera différente.
Bruno Retailleau, chef des conservateurs au Sénat, a déclaré : "Nous ne pouvons pas avoir un projet de loi qui vise à la fois à expulser davantage de personnes et à régulariser davantage de personnes", soulignant que toute assouplissement de la loi sur l'immigration serait "un signe de faiblesse".
Macron a proposé de modifier les règles constitutionnelles relatives aux questions sociales comme l'immigration pouvant faire l'objet d'un référendum, mais cette concession a eu peu d'effet sur la rhétorique entourant le projet de loi sur l'immigration.
La Première ministre Élisabeth Borne a rejeté les allégations selon lesquelles la régularisation des travailleurs sans papiers créerait un "effet d'aspiration" et augmenterait la migration. Elle a fait valoir que les régularisations bénéficieraient "à des personnes présentes sur notre territoire depuis des années, bien intégrées, travaillant depuis des années". Le projet de loi vise à "expulser plus rapidement ceux qui ne devraient pas être là et, en même temps, à mieux intégrer ceux qui devraient rester", a expliqué Borne.
Cependant, les divisions persistent au sein du gouvernement, alors que Borne s'oppose à la suppression de l'aide médicale d'État pour les personnes sans papiers, la qualifiant de "question de santé publique". Darmanin a déclaré qu'il prévoyait de "supprimer" cette aide, la remplaçant uniquement par une couverture en cas d'urgence, y voyant "un bon compromis" avec LR.
Le débat sur l'immigration en France a été alimenté par les arrivées massives en Italie et la visite du pape François dans la ville portuaire française de Marseille, où il a appelé à accueillir les migrants. L'assassinat le mois dernier d'un enseignant par un migrant russe aux croyances jihadistes apparentes a accru la pression.
Le parti d'extrême droite Rassemblement National (RN) de Marine Le Pen voit une opportunité dans son thème de prédilection, dominent le débat politique à l'approche des élections européennes de 2024 et de l'élection présidentielle de 2027, lorsque Macron ne pourra plus se présenter en raison de la limitation des mandats. Le projet de loi sur l'immigration a été qualifié de "travail bâclé" par le vice-président du RN, Sébastien Chenu, tout en indiquant que les 80 députés du parti pourraient voter en sa faveur dans l'espoir d'obtenir de "petits résultats". Photo by Jackintosh, Wikimedia commons.