Une décision cruciale se profile pour les chefs d'État et de gouvernement de l'UE-27 lors de leur réunion de décembre à Bruxelles : décider ou non d'engager des
négociations d'adhésion avec l'Ukraine et la Moldavie. Dans le même temps, ils doivent répondre aux pays des Balkans occidentaux qui aspirent depuis longtemps à rejoindre l'Union européenne et pourraient être laissés pour compte si Kiev et Chisinau prennent l'initiative.
Alors que les 27 États membres de l'UE s'accordent tous sur la nécessité de l'élargissement en raison du paysage géopolitique et du conflit en Ukraine aux frontières de l'UE, des opinions divergentes surgissent lorsqu'il s'agit d'aborder l'approche de ce projet de transformation affectant l'économie, la société et la politique de l'UE.
En réponse, la France et l'Allemagne ont mandaté un groupe de 12 scientifiques politiques indépendants pour étudier la question. Le 19 septembre, Olivier Costa et Daniela Schwarzer, les deux rapporteurs, ont présenté leurs conclusions dans un rapport intitulé "Naviguer en haute mer" aux ministres des Affaires européennes. Ils ont souligné que leurs travaux n'engagent ni Paris ni Berlin.
Selon les experts, collectivement connus sous le nom de "groupe des 12", l'UE n'est pas actuellement prête à admettre de nouveaux membres, ni institutionnellement ni en termes de politique. Leur rapport suggère de réformer l'UE avant ou en même temps que l'élargissement, en alignement avec les positions de la France et de l'Allemagne.
La ministre française déléguée aux Affaires européennes, Laurence Boone, et son homologue allemande, Anna Lührmann, ont souligné que les recommandations du rapport ne représentent pas les positions officielles.
Le président Emmanuel Macron a expliqué que "l'élargissement sans intégration" serait une erreur et a souligné les défis de progresser sur des questions cruciales au sein d'une UE à 27, sans parler de 32 ou 35 pays.
Cependant, tous les États membres de l'UE ne partagent pas cette perspective. Un autre rapport sur l'élargissement, rédigé par des scientifiques politiques baltes, polonais, nordiques et croates, préconise de ne pas lier l'admission de nouveaux États membres à des réformes institutionnelles. Ces pays, généralement plus favorables à l'expansion de l'UE que la France et l'Allemagne, craignent que le discours franco-allemand puisse être utilisé comme prétexte pour bloquer à nouveau l'élargissement.