Emmanuel Macron clôture mardi dans les Hauts-de-France la vaste consultation du Beauvau de la sécurité, promettant, à quelques mois de la présidentielle, des annonces "substantielles" et
des changements "radicaux" dans ce domaine régalien, angle d'attaque des candidats de droite et du Rassemblement national. Le chef de l'Etat tiendra vers midi un discours à l'école nationale de police de Roubaix. Dans l'assemblée: des policiers et gendarmes mais aussi un parterre d'élus de cette région, dont Xavier Bertrand, en tête des intentions de vote parmi les candidats de droite à l'élection présidentielle.
Dans une interview au Figaro mardi, le candidat LR accuse Emmanuel Macron de ne pas avoir été capable de "juguler la violence qui se développe" et taxe sa politique en matière de sécurité d'"échec" "profond" du quinquennat. Selon l'Elysée, le discours du président sera l'occasion d'une série d'annonces "substantielles". "L'Etat et la nation vont investir massivement mais en contrepartie, il y aura des changements radicaux dans la conduite de la mission sécurité", a ajouté lundi la présidence. Parmi les mesures devraient figurer des annonces sur la vidéosurveillance, la formation et l'encadrement des forces de l'ordre, ou "l'attractivité" des fonctions d'agent de police judiciaire. Le président insistera aussi sur les liens "police/population" et ceux entre "forces de sécurité et justice pour plus d'efficacité et de rapidité".
Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti sera présent, alors que doivent s'ouvrir prochainement les "Etats généraux de la justice", décidés après des polémiques sur le fonctionnement de l'institution, venant notamment des syndicats policiers. L'exécutif avait promis de reprendre les conclusions du Beauvau pour l'élaboration d'une loi de programmation et d'orientation de la sécurité intérieure (Lopsi). Mais ce texte ne pourra être voté avant la fin du quinquennat et reste donc suspendu à une réélection d'Emmanuel Macron. Il devrait ainsi d'abord constituer la trame du volet sécurité du programme du chef de l'Etat pour 2022.
- "Contrôle" de l'IGPN - Mardi, Emmanuel Macron annoncera aussi un "contrôle externe et indépendant" de "l'action des forces de l'ordre". Une manière de répondre aux critiques récurrente visant l'IGPN ("la police des polices"), accusée de manquer d'indépendance, en particulier dans les dossiers de violences policières. Les modalités de ce contrôle n'ont pas été précisées mais le chef de l'État avait évoqué dans un entretien au Figaro en avril la création d'une "délégation parlementaire chargée du contrôle (des) forces de l'ordre", à l'image de la délégation pour le renseignement. Le Beauvau, rythmé pendant sept mois par huit tables rondes - sur le thème de la formation, de l'encadrement ou encore de la captation vidéo - avait été lancé après le tabassage de Michel Zecler, producteur de musique noir, en novembre 2020 à Paris.
Après cette affaire, Emmanuel Macron avait reconnu l'existence de contrôles au faciès et des violences de la part des policiers. Des déclarations qui avaient fait hurler les syndicats de police. Le Beauvau avait été décidé pour répondre à leur colère. Après sept mois de concertation, ces derniers espèrent "un engagement concret". "Il faut de la décision () il faut que ce soit clair et net", a ainsi déclaré à l'AFP David Le Bars, du syndicat des commissaires, en plaidant pour la signature de "protocoles". Grégory Joron (Unité SGP police FO) veut "des mesures palpables au 1er janvier" portant notamment sur "les carrières", "le taux d'encadrement".
Alliance, réclamant de son côté, un "un vrai plan" pour la police avec une "enveloppe importante". La consultation, critiquée pour son "entre-soi", notamment en raison de l'absence d'acteurs de la société civile, s'est achevée lundi par une table ronde sur les équipements et les nouvelles technologies pour répondre au défi des malfaiteurs. Comme un symbole, celle-ci s'est tenue en l'absence du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, en déplacement en Isère pour un hommage au mécanicien de la sécurité civile décédé ce week-end dans un accident d'hélicoptère. AFP