L'Agence internationale de l'énergie a publié un rapport le mercredi 6 septembre dans le but de promouvoir le financement des "énergies propres" sur le continent africain.
Malgré le fait que l'Afrique abrite environ un cinquième de la population mondiale, seuls 3 % des investissements mondiaux dans le secteur de l'énergie sont effectués sur le continent. Selon les données de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), cela représente 76 milliards de dollars en 2023 (près de 71 milliards d'euros), une asymétrie déplorée par l'agence.
Dans un continent où 600 millions de personnes attendent encore d'avoir accès à l'électricité (43 % de la population en 2022), le défi est double. Il nécessite plus que le doublement des investissements d'ici à 2030, tout en les orientant différemment. En d'autres termes, en privilégiant principalement les énergies renouvelables (solaire et éolien) plutôt que l'extraction et l'exportation d'énergies fossiles (pétrole et gaz), nocives pour le climat.
Le mercredi 6 septembre, l'AIE a publié un rapport visant à encourager le financement des "énergies propres" sur le continent, à la clôture du premier Sommet africain sur le climat, au Kenya. Cette institution, basée à Paris et rattachée à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ne compte aucun État membre africain.
Coût du capital La faiblesse des investissements s'explique notamment par le coût du capital et, par conséquent, par les taux d'intérêt élevés. En Afrique, ce coût peut être deux à trois fois plus élevé qu'en Europe, en Amérique du Nord, voire en Chine. Selon la situation macroéconomique ou politique, de nombreux investisseurs estiment que les projets en Afrique sont beaucoup plus risqués, alors qu'il peut y avoir une différence entre le risque réel et le risque perçu, comme le rappelle Emma Gordon, co-auteure du rapport pour l'AIE.
"Nous devons réduire le coût du capital", insiste Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, en préambule du document. Selon lui, la solution passe par "un soutien ciblé et par l'aide des institutions financières internationales et multilatérales", ce qui se traduirait par exemple par des prêts à des taux favorables.
"Le besoin d'augmenter les investissements survient alors que les finances publiques de nombreux pays africains sont sous pression", rappelle Mme Gordon. Le service de la dette de ces États en 2021 - la somme annuelle à rembourser - s'élevait à environ 70 milliards de dollars, soit plus du double des dépenses observées par l'AIE dans les "énergies propres" sur le continent, y compris les pompes à chaleur ou les dispositifs d'efficacité énergétique.
D'ici à 2030, le secteur privé est appelé à financer plus de la moitié des investissements énergétiques en Afrique, selon un scénario de l'AIE, contre un peu plus de 40 % en 2023. À cette échéance, plus d'un quart de la production électrique du continent pourrait provenir de l'énergie solaire et éolienne, soit huit fois plus qu'en 2020. Foto-Gerhard Roux, Wikimedia commons.