Les juges des référés du tribunal administratif de Paris ont confirmé, samedi, l'interdiction d'une manifestation contre les violences policières prévue dans l'après-midi place de la République,
a-t-on appris auprès de l'avocate des organisateurs et de la préfecture de police.
Cette décision avait été prise par le gouvernement, mais pas encore entérinée par la justice, jusqu'à ce samedi 15 juillet : les juges des référés du tribunal administratif de Paris ont confirmé l'interdiction d'une manifestation contre les violences policières prévue dans l'après-midi place de la République. L'information provient de l'avocate des organisateurs ainsi que de la préfecture de police.
"La préfecture de police, confortée par les juges des référés du tribunal administratif de Paris, empêche tous canaux d'expression démocratique de revendications parfaitement légitimes", a réagi Me Lucie Simon au nom de la Coordination nationale contre les violences policières, composée d'une cinquantaine d'organisations dont LFI, EELV et la CGT.
"Une telle décision laisse un goût amer d'incompréhension chez les organisateurs, se sentant muselés dans leur droit le plus fondamental d'expression", a-t-elle ajouté.
Sollicitée par l'AFP, la préfecture de police "prend acte" de la décision de justice et "rappelle que la manifestation est interdite".
Sur les réseaux sociaux, la Coordination nationale contre les violences policières critique un "tribunal administratif aux ordres de (Gérald) Darmanin" et annonce une conférence de presse à 14 h, avant une réunion à 15 h au gymnase Bidassoa, dans le XXe arrondissement. Elle ne fait plus mention d'une manifestation à 15 h à République.
Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, avait annoncé mercredi l'interdiction de ce rassemblement, ainsi que de toute autre "manifestation en lien direct avec les émeutes" jusqu'au 15 juillet inclus.
Lors de l'audience devant le tribunal administratif samedi matin, Me Lucie Simon a dénoncé "une consigne générale et donc illégale" d'interdiction des manifestations. "Si on veut juguler la colère, il faut canaliser son expression démocratique", a-t-elle plaidé au nom des organisateurs.
Pour le représentant de la préfecture de police à l'audience, le problème "n'est pas l'objet de la manifestation mais la possibilité que des individus violents" y soient présents. Et ce dans un contexte de "faible disponibilité des forces de l'ordre" après les récentes nuits de violences urbaines et la mobilisation d'un important dispositif de sécurité pour le 13 et le 14-Juillet.
La préfecture de police avait déjà interdit la semaine dernière une manifestation à Paris visant à honorer la mémoire d'Adama Traoré, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016. En dépit de cette mesure préfectorale, environ 2 000 personnes s'étaient rassemblées samedi dernier. Foto-Ladislav Luppa, Wikimedia commons.