La récession devrait être de 9% cette année en France, selon l'Insee, qui s'est montrée mercredi un peu plus optimiste que le gouvernement et constate que "l'économie française s'est
redressée assez nettement" après deux mois de déconfinement.
Le gouvernement anticipe de son côté un recul du produit intérieur brut de 11% et la Banque de France de 10%.
"En juin, l'activité économique aurait comblé les trois cinquièmes de l'écart qui la séparait, au creux du confinement, de son niveau d'avant crise", se réjouit l'Institut national des statistiques dans sa septième note de conjoncture depuis la fin mars.
Il constate aussi que "la consommation des ménages ne serait, quant à elle, plus qu'à 3 points de pourcentage de son niveau normal", alors que les ménages ont constitué une très importante épargne supplémentaire durant les huit semaines de confinement et qu'une question de la reprise est de savoir s'ils vont la dépenser ou la garder en réserve.
Après s'être contracté de 5,3% au premier trimestre puis de 17% au deuxième en raison de la pandémie de coronavirus, le PIB rebondirait de 19% au troisième trimestre puis de 3% au quatrième, précise l'Insee, qui fait ses premières prévisions au-delà du mois de juin.
"Fin 2020, l'activité économique demeurerait légèrement en deçà de son niveau d’avant crise", estime l'Insee, dans une fourchette comprise entre -6% et -1%, selon les scénarios, avec une moyenne à -4%.
"Les perspectives de production se redressent très nettement : la vigueur de ce rebond tient beaucoup à la faiblesse du point de départ, c'est-à-dire de l'activité économique en période de confinement", selon la note.
"Cependant les carnets de commandes, en particulier à l'international, demeurent jugés peu garnis par les entreprises industrielles, ce qui n'augure pas d'un retour immédiat à la normale", tempère l'institut.
Aussi, avec des exportations en recul de 36% sur un an pour le mois de mai, les échanges extérieurs de la France "demeurent plus dégradés en mai que la production nationale en phase de redémarrage".
- "Pas indemne" -
La consommation bénéficie d'un effet de rattrapage après le confinement sur les produits manufacturés, mais cet effet ne s'étend pas à tous les produits, l'habillement par exemple souffrant fin juin d'une base de comparaison élevée alors que les soldes avaient déjà commencé en 2019 et sont décalées cette année.
Quant aux services, certains continuent à souffrir comme le transport aérien.
Grâce aux mesures prises pendant les huit semaines de confinement pour préserver le tissu économique et l'emploi, "les premières marches de la reprise ont pu être gravies assez rapidement, peut-être plus que prévu. Ce sont les dernières qui risquent d'être les plus difficiles, concernant surtout les secteurs les plus touchés par la crise", met en garde l'Insee.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a brossé lundi un portrait sombre des prochains mois, notamment pour les "plus petits", prévenant que c'est "une tâche écrasante" qui l'attend.
Et même si elle n'atteint finalement que 9%, il s'agira de "la plus forte récession depuis la création des comptes nationaux français en 1948", indique la note de l'Insee.
Mais pour son directeur général Jean-Luc Tavernier, si on "peut déjà anticiper que l'ordre de grandeur de la baisse du PIB en 2020 pourrait être d'une dizaine de points, voire un peu moins", "il est absurde de dire que l'on serait de ce fait revenu dix ans en arrière".
"Car cette baisse en moyenne annuelle est bien entendu liée principalement à la chute connue pendant les mois de confinement. Si l'économie n'en sort pas indemne, il est probable qu'elle reviendra dans les mois à venir à un niveau plus proche de celui qui prévalait avant le confinement", estime M. Tavernier. afp