"Inutile" pour tout un chacun au début de l'épidémie, il est aujourd'hui obligatoire dans les lieux publics clos et plusieurs centre-villes et pourra l'être dans toute zone où le Covid-19 sévira: le
masque est l'un des symboles de la crise sanitaire.
Priorité soignants
Au début de l'épidémie, le message des autorités sanitaires est clair: les masques sont destinés aux soignants et aux malades du Covid-19.
"C'est vraiment une denrée rare, une ressource précieuse pour les soignants, et totalement inutile pour toute personne dans la rue", déclare le directeur général de la Santé Jérôme Salomon le 18 mars, lendemain du début du confinement.
Pour les promoteurs de la première heure de son port généralisé, ce discours, en France comme dans d'autres pays occidentaux, est avant tout destiné à éviter que le grand public ne s'accapare les masques dont manquent cruellement les professionnels de santé.
Mi-juin, devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Jérôme Salomon s'est justifié, assurant que pour le grand public, la France a "toujours suivi les recommandations internationales", notamment de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Cette dernière, qui alerte alors sur un épuisement des équipements de protection au niveau mondial, recommande toujours le port des masques chirurgicaux uniquement aux soignants, aux malades et aux personnes à risque.
Volte-face et masques "grand public"
Au fil des semaines, le discours change, renforcé par le fait qu'une part significative des personnes contaminées développent peu, voire aucun symptômes.
Mais malgré les commandes de milliards de masques chirurgicaux à l'étranger, il y a toujours des tensions sur ce produit convoité.
Alors fin mars, le gouvernement met en avant la production de masques alternatifs, en tissu. Un guide de l'association de normalisation AFNOR liste les exigences minimales de confection et d'usage de ces masques grand public, guide à destination des entreprises textiles mais aussi des particuliers qui peuvent le fabriquer.
Le 28 avril, les nouvelles consignes du déconfinement tombent: le masque sera obligatoire dès le 11 mai dans les transports en commun ou collèges, et recommandé dans les commerces.
"Les scientifiques ont eux-mêmes évolué", et jugent maintenant le port du masque "préférable dans de nombreuses circonstances", justifie alors le Premier ministre Edouard Philippe.
Mais certains préconisaient déjà d'aller plus loin. L'Académie de médecine plaidait pour que le port d'un masque anti-projection "obligatoire dans l'espace public", jugeant "évidente" la nécessité d'une telle mesure.
Inquiétudes et obligation élargie
Depuis début juin, l'OMS recommande au grand public de porter un masque lorsque la transmission est généralisée et la distanciation physique difficile, comme par exemple dans les transports publics, les magasins ou d'autres milieux fermés ou très fréquentés.
Début juillet, alors que plusieurs pays, comme la Belgique et le Royaume-Uni, ont décidé d'élargir le port obligatoire du masque, les appels à faire de même en France se multiplient face au relâchement observé des Français.
Notant que l'épidémie "repart un peu", Emmanuel Macron annonce que le masque sera obligatoire "dans tous les lieux publics clos", comme les commerces. La mesure est entrée en vigueur le 20 juillet, avec une amende de 135 euros pour les contrevenants.
Plusieurs villes rendent ensuite obligatoire le port du masque en centre-ville, comme Bayonne, Biarrtiz, Saint-Malo ou au Touquet-Paris-Plage.
Le préfet du Nord a annoncé vendredi que le masque serait obligatoire dans l'espace public à partir de "lundi 00H00" dans "un certain nombre de zones" de la métropole.AFP