La France souhaite un meilleur accès au marché chinois et des relations commerciales plus "équilibrées", et non une "découplage" de la deuxième économie mondiale, a déclaré le ministre
français des Finances, Bruno Le Maire, après une rencontre avec les hauts responsables chinois.
"Nous ne voulons pas faire face à des obstacles législatifs ou à d'autres barrières pour accéder aux marchés chinois", a déclaré M. Le Maire lors d'une conférence de presse à Pékin, un jour après des pourparlers commerciaux "constructifs" avec le vice-Premier ministre He Lifeng.
"Ceci, bien sûr, était au cœur de nos discussions", a-t-il ajouté. "Nous voulons obtenir un meilleur accès et un accès plus équilibré au marché chinois."
Lors de la réunion de samedi, M. He a déclaré que la Chine espérait que la France pourrait "stabiliser le ton" des relations entre l'UE et la Chine, tandis que Pékin était prêt à approfondir la coopération avec Paris dans certains domaines.
Les responsables européens ont répété à maintes reprises qu'ils ne voulaient pas se désolidariser de la Chine, mais plutôt "dérisquer", face à ce que le Groupe des Sept appelle la "coercition économique" de la Chine.
"Dérisquer ne signifie pas que la Chine est un risque", a déclaré M. Le Maire. "Cela signifie que nous voulons être plus indépendants et que nous ne voulons pas faire face à un quelconque risque dans nos chaînes d'approvisionnement en cas de nouvelle crise, comme celle du Covid, avec l'effondrement total de certaines chaînes de valeur."
La Chine est le troisième plus grand partenaire commercial de la France, mais les entreprises françaises sont de plus en plus inquiètes de se retrouver prises dans la mêlée de la rivalité croissante entre Washington et Pékin, les deux superpuissances économiques mondiales.
Interrogé sur les craintes de certains constructeurs automobiles européens de voir des véhicules électriques chinois bon marché inonder les marchés européens, M. Le Maire a déclaré que la France avait son propre plan, sur lequel elle travaille avec l'Europe, pour mieux cibler les subventions pour les véhicules électriques en France et en Europe afin d'accroître leur compétitivité.
"Nous sommes prêts à accueillir des investissements chinois dans l'industrie automobile en France et en Europe", a-t-il ajouté, soulignant que ce serait "très positif" d'avoir des entreprises chinoises investissant et se développant en Europe.
Les déclarations de M. Le Maire interviennent alors que certains pays occidentaux cherchent à réduire leur dépendance économique à l'égard de la Chine, en particulier l'Allemagne, qui compte la Chine comme son premier partenaire commercial et un marché important pour son industrie automobile.
Les États-Unis ont également préconisé le "dérisquage" de la Chine, bien que la secrétaire au Trésor américaine, Janet Yellen, ait déclaré lors d'une visite à Pékin début juillet qu'un découplage des économies américaine et chinoise serait "virtuellement impossible".
En revanche, la Chine a vivement critiqué les efforts occidentaux de "dérisquage", le Premier ministre Li Qiang ayant qualifié cette notion de "fausse proposition" en juin. Le Maire est en Chine pour des pourparlers économiques de haut niveau et se rendra lundi dans la ville de Shenzhen, dans le sud du pays, pour rencontrer des chefs d'entreprise. Foto-IAEA Imagebank, Wikimedia commons.