Le Premier ministre français François Bayrou sous le choc après que sa fille révèle des abus dans une école éclaboussée par un scandale

Le Premier ministre français, François Bayrou, a déclaré qu’il se sentait « poignardé en plein cœur » après que sa fille aînée, Hélène Perlant, a révélé qu’elle faisait partie des victimes d’abus

dans une école catholique romaine désormais au centre d’un scandale grandissant.

Perlant, 53 ans, a révélé qu’un prêtre de Notre-Dame de Bétharram l’avait agressée lors d’un camp d’été alors qu’elle avait 14 ans. Sa révélation survient alors que les abus perpétrés pendant des décennies dans cette école des Pyrénées — située dans le fief politique de Bayrou, où il a été député et ministre de l’Éducation — font l’objet d’une attention croissante.

Bayrou, 73 ans, a fermement nié avoir eu connaissance de ces abus, qui se seraient étendus des années 1950 à 2010. Il devrait comparaître devant une commission d’enquête parlementaire le mois prochain.

Notre-Dame de Bétharram, aujourd’hui rebaptisée Le Beau Rameau, est située près de la ville de Pau, dont Bayrou est maire depuis 2014. Trois de ses six enfants, dont Hélène, ont fréquenté cette école, et son épouse y a enseigné les cours de religion.

Dans une récente interview accordée à Paris Match, Perlant a raconté un épisode traumatisant : « Le prêtre m’a attrapée par les cheveux, m’a traînée sur plusieurs mètres à travers le sol, puis m’a frappée, se concentrant sur mon ventre. » Elle a déclaré avoir été tellement traumatisée qu’elle s’était uriné dessus et avait passé la nuit recroquevillée dans son sac de couchage.

Elle a expliqué son long silence, décrivant Bétharram comme étant dirigé « comme une secte ou un régime totalitaire », exerçant une pression psychologique sur les élèves comme sur le personnel pour les empêcher de parler.

Bien que des allégations isolées d’abus aient émergé dès les années 1990, une enquête du ministère français de l’Éducation en 1996 avait conclu qu’il n’y avait pas de preuves de brutalités envers les élèves. Pourtant, des témoignages troublants ont continué d’émerger au fil des ans. En 2023, un ancien élève, Alain Esquerre, a créé un groupe Facebook pour les victimes présumées, recueillant environ 200 plaintes, dont près de la moitié concernent des violences sexuelles, y compris des viols commis par deux prêtres.

Début 2025, le scandale a explosé au niveau national, mettant une pression énorme sur le gouvernement déjà fragile de Bayrou. Premier ministre depuis décembre, il dirige une administration minoritaire vulnérable, susceptible de tomber en cas de vote de défiance unifié de l’opposition.

Un ancien juge a déclaré au Monde que Bayrou avait exprimé des inquiétudes en 1998 concernant son fils qui fréquentait Bétharram. Bayrou conteste cette affirmation, insistant sur le fait qu’il n’avait à l’époque aucune connaissance d’abus sexuels. Sa fille Hélène soutient sa version : « Plus on est impliqué, moins on voit et comprend. »

S’exprimant mercredi lors d’une visite dans une prison du sud-est de la France, Bayrou a affirmé que sa fille ne lui avait jamais parlé de son expérience. « Ne pas savoir, et le fait que de tels abus aient eu lieu, est presque insupportable pour moi, » a-t-il déclaré. « Mais en tant que responsable public, mes pensées vont avant tout aux victimes. »

Hélène Perlant a également partagé son témoignage avec Alain Esquerre, qui a écrit un livre retraçant le combat des survivants pour la justice. Esquerre a exprimé ses regrets que le témoignage très médiatisé d’Hélène puisse éclipser celui du groupe plus large des victimes : « Cela vole un peu de leur lumière, » a-t-il confié à l’AFP. Foto- Rama, Wikimedia commons.