Coronavirus: Philippe attendu pour esquisser un déconfinement qui sera lent

Ni grands mariages, ni municipales avant l'automne: la sortie du confinement après le 11 mai s'annonce extrêmement progressive, ce que devrait confirmer le Premier

ministre Edouard Philippe lors d'une "point de situation" à 17h30.

Un mois de confinement a ralenti la contagion, sans la stopper. Le nombre d'hospitalisations et d'admissions en réanimation recule depuis plusieurs jours mais le bilan continue de s'alourdir, avec 19.323 morts décomptés samedi, soit 642 morts de plus en 24 heures.

Edouard Philippe, aux côtés du ministre de la Santé Olivier Véran, devrait rappeler la nécessité d'un respect strict du confinement et esquisser des pistes pour sa sortie.

C'est un exercice pédagogique destiné à rassurer des Français inquiets, en attendant un plan global que le président de la République a demandé pour fin avril, sous la houlette du haut fonctionnaire et maire Jean Castex.

"Il faut voir les choses en face. On sort du confinement avec prudence, avec un peu d'expérimental, en regardant ce qui se fait dans d'autres pays. Les mariages, les anniversaires, le grandes réunions familiales devront être évités dans les mois qui viennent", a averti d'avance le président du Conseil scientifique Jean-François Delfraissy sur BFMTV dimanche.

Logiquement, le second tour des municipales est logé à la même enseigne. "Le réalisme conduit" à ce que le second tour ait lieu "sûrement après l'été", et non le 21 juin comme envisagé un temps, a annoncé la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault sur France 3, en envisageant une date de septembre ou d'octobre.

- "Dépistage massif" -

Edouard Philippe sera interrogé sur de nombreuses questions encore incertaines, à commencer par la disponibilité des tests promis par Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat a assuré lundi que "le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes" et que toute personne positive pourrait "être mise en quarantaine".

Jean-François Delfraissy prône "un dépistage massif au moindre symptôme" et vante la stratégie de la Corée. "La médecine de ville doit avoir un rôle essentiel", pour "repérer ces patients et voir s'il faut les isoler", explique-t-il.

La manière de rouvrir les écoles dès le 11 mai, une décision surprise d'Emmanuel Macron critiquée par de nombreux enseignants, pose elle aussi d'immenses questions. Le Pr Delfraissy a levé un coin du voile en évoquant une ouverture progressive, par catégories d'âge et avec des tests faciles pour tous, enseignants et élèves.

Jean-Luc Mélenchon s'y est dit opposé. "Personnellement, s'il y avait un petit à la maison, je ne l'enverrai pas à l'école."

La question du port du masque généralisé pour le grand public continue à focaliser les critiques, dans l'attente d'une doctrine claire et surtout de masques disponibles le 11 mai, comme l'a promis là encore le chef de l'Etat.

Dans une lettre dont l'AFP a obtenu copie, les principaux opérateurs de transports en commun (SNCF, RATP, Transdev, UTP, Keolis...) ont demandé au Premier ministre de rendre le port du masque obligatoire non seulement dans les transports mais dans tous les lieux publics où la distanciation sociale est impossible.

Anticipant une obligation, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé la distribution gratuitement aux Parisiens en pharmacie de 500.000 masques en tissu lavables dès la fin avril et de plus de 2 millions courant mai.

Le défi le plus colossal reste le retour aux travail de millions de Français sans risque d'une "deuxième vague" de l'épidémie, en conciliant les contraintes économiques et sanitaires.

Un redémarrage de l'activité est urgent, chaque semaine de confinement rogne la richesse nationale. Le PIB français devrait chuter d'"au moins 8%" cette année, selon le gouverneur de la Banque de France François Villeroy de Galhau.

- "Ratés" -

Dans une économie paralysée, le gouvernement veut montrer qu'il portera secours aux grands groupes français. Premier à en bénéficier, le distributeur Fnac Darty a annoncé dimanche avoir obtenu un prêt de 500 millions d'euros dont 70% garantis par l'Etat, afin de pouvoir redémarrer avec un socle de liquidités.

Le Premier ministre doit enfin déminer les différentes polémiques. Emmanuel Macron a coupé lui-même court dès vendredi à celle touchant aux séniors en demandant à ne pas les "discriminer" en prolongeant leur confinement au-delà du 11 mai, appelant à leur "responsabilité individuelle".

Le contraire aurait été "une faute", a estimé le président du MoDem François Bayrou.

Le Pr Delfraissy, qui avait contribué à l'inquiétude en prônant un confinement prolongé des plus de 65 ou 70 ans jusqu'à nouvel ordre, s'est senti obligé de préciser dimanche que ses propos avaient été "mal compris".

La défiance reste très grande en France sur la gestion de la crise. Seuls 46% des Français font confiance au gouvernement pour y faire face, selon un sondage Ifop pour le Journal du Dimanche, un chiffre en hausse de 8 points mais toujours minoritaire

François Bayrou a mis le compte des "ratés" de la France sur le compte d'un Etat trop centralisé, empêchant "souplesse" et "anticipation".

"Est-ce qu'on était prêts ? Non. Est-ce qu'il y a eu des manquements et des ratés ? Oui, notamment sur les masques et les tests", a souligné le maire de Pau dans le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, dénonçant "un problème d'organisation de la société française qui se tourne perpétuellement vers l'Etat centralisé".AFP, photo-Jacques Paquier, Wikimedia.