Emmanuel Macron en Chine : "Les messages ont été mal transmis, bilan mitigé"

 

Le président français a terminé vendredi un voyage de trois jours en Chine, où il a fait du conflit en Ukraine le thème principal de sa visite. Mais selon Antoine Bondaz,

spécialiste de la Chine, les messages qu'il a voulu faire passer ont été brouillés par des erreurs de communication.

Le vendredi 7 avril, les deux présidents ont signé une déclaration commune sur la guerre en Ukraine qui ne mentionne pas la Russie et ne condamne pas son intervention militaire en Ukraine. Selon Bondaz, le bilan de la visite d'État du président français en Chine est "mitigé".

Le jeudi, Emmanuel Macron et Xi Jinping avaient appelé à des pourparlers de paix le plus tôt possible et rejeté tout recours à l'arme nucléaire. Mais Xi Jinping a précisé qu'il appellerait Volodymyr Zelensky au moment qu'il aura lui-même choisi.

Le vendredi, Emmanuel Macron s'est rendu à l'université Sun Yai-sen de Canton, la troisième ville du pays avec 15 millions d'habitants. Dans le gymnase du campus, il a dénoncé l'intervention militaire de la Russie en Ukraine face à un public d'un millier d'étudiants. Après cette rencontre, Emmanuel Macron a rejoint Xi Jinping sur l'île de Shamian pour une cérémonie du thé et un dîner privé.

Selon Bondaz, l'objectif n'était pas tant de savoir ce que la Chine allait dire que de faire passer des messages. Il fallait notamment parvenir à dissuader Pékin de livrer des armes à la Russie tout en affichant l'unité de l'Union européenne.

Cependant, les messages ont été brouillés par des erreurs de communication. Le message est brouillé quand Paris affirme que Pékin va prendre ses distances avec le projet impérialiste russe parce que la Chine respecte la charte des Nations unies. Parce que dans les faits, Xi Jinping ne respecte pas la charte de l'ONU, sinon il aurait pris depuis longtemps ses distances avec Vladimir Poutine. Il faut avoir un discours plus direct.

Sur l'unité de l'Union européenne, Emmanuel Macron a essayé de faire venir Ursula von der Leyen. Il aurait pu appuyer Ursula von der Leyen sur sa position de "réduction des risques" dans la relation entre l'UE et la Chine, qui consiste à équilibrer la relation en faisant attention à ses risques et à la dépendance de l'UE vis-à-vis de la Chine. Aujourd'hui, il y a une asymétrie beaucoup trop forte entre les deux puissances. C'est quelque chose qu'Emmanuel Macron n'a pas porté dans son discours. Foto-Number 10/User:Duosdebs01, Wikimedia commons.