Retraites : le désaccord persiste sur le mode de calcul du déficit

 

Des syndicats ont émis des réserves sur la nouvelle méthode préconisée par le président du Conseil d’orientation des retraites(COR), y voyant une manœuvre pour préparer les esprits

à l’idée de faire des économies.

Personne n’a renversé la table, même si plusieurs convives ont grimacé face au plat qui leur était servi. Jeudi 4 avril, après plusieurs heures de débats nourris, le Conseil d’orientation des retraites (COR) a décidé de changer de méthode pour construire et présenter son prochain rapport annuel dont la publication est prévue en juin. Préconisés par le président de cette institution, l’économiste Gilbert Cette, ces changements indisposaient plusieurs syndicats qui y voyaient une manœuvre pour préparer les esprits à l’idée de faire des économies. Un terrain d’entente a finalement pu être trouvé, avec l’assentiment de la plupart des participants. Toutefois, certaines organisations de salariés veulent se donner encore un peu de temps avant d’indiquer si elles avalisent ou désapprouvent ces choix.

Jeudi, le COR a consacré une « séance plénière » à la préparation du rapport qu’il remet, chaque année, sur notre système de retraites. La diffusion de ce document est guettée avec beaucoup de curiosité car il se livre à des projections sur la santé financière des régimes de pension, pris dans leur globalité. Les informations fournies sont d’une infinie richesse, mais des voix s’élèvent régulièrement pour faire remarquer qu’il est ardu de s’y retrouver et de se forger une opinion sur les difficultés budgétaires que les caisses de retraite pourraient rencontrer dans les décennies à venir.

Pour répondre à cette critique, le COR a déjà élagué son rapport, en abandonnant ou en rejetant dans les annexes certaines conventions comptables. Mais M. Cette a souhaité aller plus loin, afin que les travaux de l’institution soient plus accessibles et fournissent des enseignements-clés. Son but est aussi de mieux prendre en considération des évolutions qui sont aujourd’hui à l’œuvre dans notre économie.

« Un seul scénario de référence » C’est la raison pour laquelle il a soumis trois « points » aux membres du COR – dont le profil est extrêmement divers (syndicalistes, militants patronaux, hauts fonctionnaires, parlementaires, chercheurs…). Première recommandation : « décaler vers le bas » la fourchette des hypothèses de croissance annuelle de la productivité. Désormais, les simulations seraient effectuées sur un intervalle de variations oscillant entre + 0,4 % et + 1,3 %, contre + 0,7 % à + 1,6 % jusqu’à maintenant. Ce paramètre est fondamental : plus la productivité est faible, moins les salaires sont dynamiques, si bien que les rentrées de cotisations ralentissent, avec le risque d’obérer la trésorerie des régimes de pension. Foto-Lionel Allorge, Wikimedia commons.