Réponse du gouvernement français à la hausse des prix de l'essence suscite la controverse

Les supermarchés français se sont plaints de leur incapacité à réduire les prix de l'essence en raison de contraintes légales. En réponse, le gouvernement a pris une mesure inhabituelle.

Le 16 septembre, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé que les supermarchés seraient autorisés à vendre de l'essence à perte, bien que ce soit une mesure exceptionnelle.

Cette décision intervient après la mise en place de plusieurs autres mesures visant à contrer la hausse vertigineuse des prix du pétrole. Ces mesures comprenaient des bons d'essence, des réductions subventionnées par le gouvernement dans les stations-service et des instructions à TotalEnergies pour plafonner le prix du litre en dessous de 2 euros jusqu'à la fin de l'année. Bien que ces actions visent à alléger le fardeau des consommateurs, elles soulèvent des préoccupations quant à la capacité du gouvernement à équilibrer les demandes du peuple français en matière de pouvoir d'achat avec la nécessité urgente de lutter contre la crise climatique.

La décision de lever l'interdiction de vendre à perte révoque une loi adoptée en 1963. L'intention initiale de cette législation était de protéger les détaillants vulnérables de la concurrence déloyale de concurrents plus importants et financièrement plus solides. En inversant temporairement cette exigence, le gouvernement envoie un signal discutable à un secteur depuis longtemps accusé de nuire aux petites entreprises. Ce secteur a également été critiqué pour avoir abusé de son pouvoir d'achat et s'être parfois livré à des pratiques marketing douteuses. En 2018, un distributeur alimentaire français a fait l'objet de poursuites judiciaires pour avoir vendu de la pâte à tartiner Nutella à perte, ce qui a entraîné le chaos et des bagarres dans les magasins. On craint que des scènes similaires ne se reproduisent dans les stations-service si certaines marques se livrent à des opérations marketing mal gérées.

Une autre conséquence potentielle de cette décision est la tentation pour les détaillants de compenser leurs pertes sur l'essence en augmentant les prix d'autres produits. Si cela entraîne une inflation alimentaire durable, cela pourrait compromettre les avantages que les consommateurs espéraient obtenir grâce aux mesures du gouvernement. De plus, ce retour à un environnement plus concurrentiel pourrait s'avérer préjudiciable pour de nombreux exploitants de stations-service indépendants, qui pourraient avoir du mal à suivre les changements.

L'approche du gouvernement semble être une réponse improvisée à une situation largement dépendante de la coopération des pays exportateurs de pétrole pour augmenter la production. Cependant, cette approche risque d'entrer en conflit avec la communication du gouvernement sur la nécessité impérieuse de s'adapter au changement climatique en réduisant la consommation de carburant. Tout en abordant les défis auxquels sont confrontés les moins fortunés pour se rendre au travail, la mesure choisie par le gouvernement pourrait bénéficier à tout le monde de manière indiscriminée, ce qui pourrait potentiellement contredire les efforts de lutte contre le réchauffement climatique.

Alors que le gouvernement doit faire face à ces défis, il doit également tenir compte du souvenir du mouvement des Gilets jaunes et naviguer entre des demandes contradictoires et des opinions publiques changeantes. L'opposition politique ne fait pas preuve d'une grande responsabilité, et les citoyens français expriment souvent des points de vue contradictoires. Alors que de nombreux citoyens se plaignent du prix de l'essence, ils peuvent résister aux nouvelles mesures de limitation de vitesse qui pourraient les aider à économiser de l'argent sur le carburant. Ces complexités soulignent les difficultés auxquelles est confronté le gouvernement pour aborder cette question multifacette. Foto-Lake Lou from Lowell, US, Wikimedia commons.